Élevage 11 novembre 2019

Pas d’agence de vente pour le secteur laitier caprin

DRUMMONDVILLE — La récente annonce de la fermeture de l’usine de transformation de lait de chèvre d’Agropur à Saint-Damase a porté un dur coup aux éleveurs caprins. Ceux-ci entendent désormais se concentrer à maintenir la production québécoise de lait de chèvre et se voient contraints d’abandonner leur projet d’agence de vente.

« On n’est plus dans un mode de démarrage d’entreprises pour pallier la pénurie de lait dans le futur. On est plus en consolidation de ce qu’on a déjà pour passer à travers la crise encore une fois », a indiqué le président des Producteurs de lait de chèvre du Québec, Christian Dubé, devant les éleveurs réunis pour une séance d’information à Drummondville, le 29 octobre.

Production en baisse

D’une soixantaine en 2017, il ne reste plus que 44 producteurs encore actifs au Québec. Dans les dix derniers mois seulement, neuf éleveurs ont quitté la production. C’est l’insécurité provoquée par la réticence des acheteurs à s’engager depuis les deux dernières années qui est en cause, selon Christian Dubé. Cela a conduit à une réduction des volumes de lait produits d’environ 25 % en 2019 pour totaliser 7,3 millions de litres.

Les acheteurs ont renouvelé les contrats à hauteur de 7 millions de litres de lait pour 2020. « C’est quand même relativement équilibré présentement, entre ce qu’on a comme commandes et le lait qui a été livré en réalité dans la dernière année », a dit M. Dubé. Rappelons par ailleurs que le prix du lait négocié connaît une baisse de 5 % par rapport à 2018.

Dans ce contexte, le nombre de producteurs et les volumes produits sont trop faibles pour soutenir la mise en place d’une agence de vente. Le projet est abandonné après deux années de travail préparatoire.

Nouvelle convention

La prochaine mouture de la convention de mise en marché du lait de chèvre est sur la table, mais les négociations avec les acheteurs ne sont pas simples. Christian Dubé a expliqué que ces derniers ne négociaient plus avec des propriétaires d’entreprises, mais avec des patrons de multinationales. « Ça fait trois fois qu’on propose des textes aux acheteurs. On pense qu’on s’est entendus et à la dernière minute les procureurs [les modifient] », souligne-t-il.

La relation d’affaires est toujours fragile, même si les efforts pour améliorer la qualité du lait sont remarqués. Les acheteurs réclament, par exemple, de pouvoir rejeter le lait d’un producteur au premier dépassement de seuil de conformité, et ce, sans lui donner d’avertissement au préalable, explique la vice-présidente Sylvie Girard. « En tenant notre bout, eux tiennent le leur. Ça fait que personne n’avance », déplore-t-elle.

Organisation menacée

Les Producteurs de lait de chèvre du Québec estiment que les éleveurs doivent produire annuellement 10 millions de litres de lait de chèvre pour que leur organisation soit viable. « À 7,3 millions de litres, on roule dans le rouge », a admis le président Christian Dubé. La productrice Stéphanie Béliveau en a déduit que l’organisation sera déficitaire pour une troisième année consécutive en 2020. « Aujourd’hui, on n’a pas la solution, mais c’est sûr que ça va devoir passer par une augmentation des volumes de production », a ajouté Christian Dubé.

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