Actualités 12 mai 2019

L’ensilage préfané en grosses balles : le meilleur rapport qualité-prix

À mesure que le mercure grimpe, la neige se retire graduellement dans nos champs, laissant derrière elle ces chapelets de guimauves blanches si caractéristiques de nos paysages québécois.

C’est ici, à la fin des années 1980, qu’ont été développées puis commercialisées par Plastitech les enrobeuses de plastique pour les balles de foin pour ensilage. « Je comparerais ça à faire des conserves de tomates; il y a beaucoup de science là-dedans », illustre Louis Charbonneau, président de l’entreprise basée à Saint-Rémi, en Montérégie.

L’ensilage préfané en grosses balles permet d’offrir au bétail une alimentation d’une plus grande valeur nutritive que le foin sec. Cela s’explique par le fait qu’une récolte ayant un taux d’humidité de 55 % est moins susceptible de perdre ses éléments riches en protéines dans le champ que la matière sèche, dont une partie reste inévitablement au sol.

L’ensilage d’herbe repose sur le principe de la fermentation, qui transforme une partie des sucres en acide lactique, avec du gaz carbonique et un peu d’acide acétique. Pour obtenir un fourrage de qualité, il faut cependant respecter certaines règles. « L’ennemi de la conservation, c’est l’air. Moins il y en a, meilleure est la fermentation », ajoute-t-il.

Il existe différents systèmes d’ensilage, mais pour Louis Charbonneau, les balles rondes enrubannées avec une pellicule étirable représentent le système le plus économique et le plus efficace. Les enrobeuses qui sont sur le marché aujourd’hui sont aussi plus performantes que celles d’il y a 15 ou 20 ans. « Elles compactent mieux le foin; il y a donc moins d’air. »

Rondes ou carrées, les balles? Cela n’a pas d’incidence sur la qualité de l’ensilage, mais chaque type possède des avantages. La machinerie pour balles rondes est moins coûteuse et plus courante. Les balles carrées sont toutefois plus facilement manœuvrables, et leur forme permet de les empiler, ce qui réduit la superficie d’entreposage. Souvent, ce sont elles que préféreront les agriculteurs qui vendront une partie de leur production. Quant aux balles cylindriques, il est suggéré de respecter une hauteur maximum de deux et de les déposer sur leur côté plat où le plastique est plus épais, donc plus résistant.

De toutes les couleurs…

Au Québec, les balles de foin à ensilage sont généralement blanches, mais ce n’est pas le cas partout. « En Allemagne et en Suisse, les balles blanches sont interdites parce que ça défigure la nature », raconte Louis Charbonneau, qui a pour sa part une préférence pour le vert pâle, couleur la plus courante en Europe. Dans les endroits où les heures d’ensoleillement sont réduites, par exemple en Angleterre, en Écosse, ou même dans les Maritimes au Canada, on apercevra dans les champs des balles noires. « Ici, ça ne serait pas une bonne idée, car le noir augmente la chaleur, ce qui va influencer la fermentation. » Dans certaines régions de France en 2017, lors d’une campagne visant à recueillir des sous pour lutter contre le cancer du sein, on pouvait même apercevoir des balles roses dans les prés.

Les fabricants de pellicules plastiques offrent généralement une garantie d’un an sur la qualité de l’herbe ensilée avec leur produit, mais selon Louis Charbonneau, la conservation peut être prolongée en ajoutant des épaisseurs lors de l’enrubannage. « En Europe, ils vont jusqu’à 10 épaisseurs. Ici, au Québec, les agriculteurs en mettaient quatre auparavant, mais aujourd’hui, c’est six ou huit. Plus tu en as, mieux ça se conserve. Avec la qualité des stabilisateurs d’ultraviolets aujourd’hui, si c’est fait dans les bonnes conditions, ça peut aller jusqu’à trois ans », estime-t-il. 

Le président de Plastitech, qui œuvre dans le domaine depuis près de 40 ans, souligne qu’on retrouve différents grades de plastique d’ensilage sur le marché. « C’est comme autre chose : la qualité va avec le prix, mais si tu es satisfait avec un plastique moyen de gamme, par exemple, il n’y a pas de raison de le changer. » Enfin, notons qu’une vieille enrobeuse toujours fonctionnelle limitera le choix de pellicules auxquelles le producteur aura accès. 

Bernard Lepage, collaboration spéciale.