Vie rurale 21 juin 2018

L’été de mes 12 ans

La fin des classes, un moment que j’adore! Qu’est-ce que vous voulez? J’aime avoir ma marmaille avec moi et aussi arrêter de me casser la tête pour les lunchs. Dernière année du primaire pour mon plus vieux. Moi aussi je vais le dire : que ça passe donc vite! Déjà 12 ans pour Alexis. L’adolescence pour ce petit ange adorable, au caractère bouillant, à la patience manquante, à la passion dévorante. Un minimoi, quoi! Mais cet été de ses 12 ans qui s’annonce me chicote; pas qu’il m’angoisse, mais il me chatouille l’esprit… Et si ces vacances qui se pointent à l’horizon me rappelaient mon été de mes 12 ans à moi?

C’est sans doute ça qui refait surface : mes souvenirs de cet été 1993 qui allait me faire vivre probablement l’événement le plus dur de ma vie, mais aussi le plus beau. Ces mois de juin, juillet et août qui ont probablement scellé mon destin et aussi forgé la femme que j’allais devenir.

agrimom_bigboxC’est cette année-là à la fin des classes, en revenant de l’école pour dîner, que j’ai trouvé à la maison ma grand-mère au lieu de ma mère. Bizarre! Ma mère était toujours là. Elle était tombée gravement malade et elle n’est revenue à la maison que plusieurs mois plus tard, malade, amaigrie, transformée.

Mais c’est cet été-là aussi que mon père a fait l’acquisition de la ferme. Non, je n’ai pas grandi dans une ferme familiale. Je suis tombée dans le monde agricole à 12 ans. Je devrais plutôt dire : je suis tombée en amour avec l’agriculture à 12 ans.

L’été de mes 12 ans a été plein de premières pour moi. Premier été sans ma mère : déchirement total et incompréhension. Premier contact avec des vaches de boucherie : découverte d’une passion qui ne cessera de grandir avec les années. Première saison des foins, en petites balles carrées : découverte de muscles dont j’ignorais l’existence. Aussi, premier été avec ma première jument : une amie fidèle qui a su remplir un grand vide, et ce, jusqu’à mes 18 ans.

Oui, durant ces quelques mois d’il y a maintenant 25 ans, j’ai dû faire le deuil de la mère que j’avais connue, travaillante, souriante, aimante et protectrice, et aussi tourner la page sur une enfance qui avait été magnifique. Mais j’ai aussi vu naître en moi cette passion que j’ai pour l’agriculture et encore plus pour la production bovine. Cette passion qui allait devenir mon métier quelques années plus tard et qui allait me permettre de me rapprocher tellement de mon père. Et cette même passion me permet aujourd’hui d’être si proche de mon grand Alexis.

Geneviève Raby, Agrimom

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