Vie rurale 19 septembre 2014

Les Fortier-Provencher, Famille agricole de l’année

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Tel que publié dans La Terre de chez nous

Pour Robert Fortier et Marie-Paule Provencher de Saint-Pierre-Baptiste dans la région des Bois-Francs, l’agriculture demeure le plus beau métier du monde.

Le couple, qui célèbre 67 ans de mariage, a remporté le 54e titre de Famille agricole de l’année décerné annuellement par la Fondation de la famille terrienne dans le cadre du congrès général de l’Union des producteurs agricoles.

L’honneur est bien mérité pour les Fortier-Provencher, qui ont aidé leurs sept garçons, André-Jean, Rock, Jérôme, Gaétan, Alain, Donald et Michel, à s’établir en agriculture. Aujourd’hui, les sept fermes s’étendent sur 1950 acres, comptent 9700 entailles, 360 vaches de boucherie, 121 vaches laitières, en plus d’engraisser 4300 porcs par année. Tous diplômés en agriculture, cinq petits-enfants sont d’ailleurs prêts à prendre la relève.

« J’aime l’agriculture », concède volontiers Robert Fortier. Celui qui célébrera ses 90 ans en mars prochain a travaillé aux foins jusqu’à l’été 2009. Il rappelle qu’il a commencé à faire le train à 8 ans et à faire bouillir l’eau d’érable à 12 ans. Son père lui avait offert le choix entre l’école et la cabane à sucre! La paroisse de Saint-Pierre-Baptiste lui a d’ailleurs rendu hommage en lui décernant le titre de doyen du Festival des sucres l’an dernier.

« Après le train du matin, ajoute-t-il, comme agriculteur on est libre pour le reste de la journée pour faire nos travaux et se promener. »

Robert Fortier n’a pas ménagé les efforts. Il dit avoir usé trois trains de pneus, juste pour labourer. Et que dire du ramassage des roches sur ces terres nichées dans les contreforts des Appalaches! Les enfants en rigolent aujourd’hui, disant qu’ils étaient à la recherche de la roche mère! Même Marie-Paule a prêté main-forte jusqu’à ses 80 ans.

« Il fallait lui dire d’en laisser pour les autres, s’amuse Jérôme, l’un de ses fils. En gang, c’est plus encourageant. »

Comme l’avaient fait son père, son grand-père et son arrière-grand-père avant lui, Robert a veillé à établir ses garçons sur des terres voisines de la sienne. Pour réaliser son rêve, il admet qu’il s’est volontairement tenu loin « du fumage et de la boisson ». Il a certes réussi à transmettre son amour pour l’agriculture, prenant soin de travailler avec plaisir et enthousiasme.

« Nous avons eu le choix, confirme Jérôme. Papa ne nous a pas attachés à la ferme et il n’y avait jamais d’engueulades, jamais de sacres. Nous avons tous exploré d’autres métiers, mais nous sommes tous revenus. L’agriculture, c’est comme une maladie pour nous. C’est contagieux. »

« Sur une ferme, ajoute Michel, nous avons affaire au patron, le directeur de la Caisse, seulement une fois par année. À la shop, nous étions comme des robots. Avec papa, on faisait tout ce qu’on pouvait dans une journée, remettant le reste au lendemain. Pour papa, c’était simple de tirer les vaches. Tout était simple avec lui. »

Outre cet amour pour l’agriculture et la nature, les Fortier ont aussi hérité du respect. Il est touchant de les entendre parler de « maman » et de « papa » avec cette douceur dans la voix.

Un don

Robert Fortier semble avoir eu un don particulier avec les animaux, parvenant à travailler avec un boeuf. C’est pourtant avec les chevaux qu’il éprouvait un grand plaisir à dessoucher, à labourer et même à faire la course sur un lac gelé! Il dit fièrement avoir obtenu une trentaine de pouliches; son secret, l’accouplement doit avoir lieu au coucher de la lune à l’ouest, au petit matin!

« Avec un bébé de plus dans la famille, ça prenait deux vaches de plus dans l’étable », raconte le patriarche.

L’entraide occupe toujours une place importante chez les Fortier. Les frères se partagent certaines pièces de machinerie, dont l’épandeur à fumier, le semoir et une moissonneuse-batteuse. Cet esprit d’entraide ne date pas d’hier. Longtemps, les frères Fortier ont bricolé ensemble. Le soir, les « ingénieurs » se retrouvaient avec plaisir dans le garage de mécanique chez Denis. À partir d’une camionnette, ils ont construit un véritable élévateur pour entreposer les balles rondes. L’engin fonctionne toujours et pas question pour Michel de s’en défaire.

« C’est ici qu’ils venaient inventer. On a passé de beaux moments », témoigne Denis, propriétaire d’une entreprise d’excavation à son nom, née pour ainsi dire avec la « pépine » familiale. L’agriculture demeure pourtant le grand centre d’intérêt de toute la famille. Tous les dimanches soir, ils se retrouvent au restaurant paroissial, le Casse-croûte chez JoJo. Propriété de leur soeur Johanne, ce lieu de rendez-vous ajoutera bientôt un dépanneur et une station-service. Fiers Baptistois, les Fortier tiennent à contribuer à la vitalité de leur communauté.

« Moi qui pensais tout vendre », commente Johanne. Celle-ci aura beaucoup à faire, ayant aussi transformé l’ancien presbytère en gîte du passant. Chaque midi, elle reçoit ses parents à dîner ainsi que ses frères Denis et Gaétan.

La ferme familiale a également été le berceau de quelques entreprises. Robert avait acheté une petite citerne pour la vidange des fosses septiques, les boues servant d’engrais. De ce travail à forfait est née l’entreprise 1995 Protecto-Sol sous la responsabilité de Rock. Le déménagement d’une maison de ferme a également amené André-Jean à faire l’acquisition de la société Déplacement de bâtisses Gilles Perron. Chez les filles, Sylvie s’occupe de la firme Ramteck, spécialisée dans la récupération et le recyclage d’antigel et d’huiles usées. Françoise est pour sa part impliquée dans la firme 1977 Energy Savers, spécialisée dans l’isolation et l’installation de portes et fenêtres.