Élevage 1 octobre 2014

Veau Charlevoix ferme ses portes

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La filière veaux de grain du Québec perd l’un de ses pionniers. L’entreprise Veau Charlevoix est sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.

Veau Charlevoix était active dans l’élevage, l’abattage, la transformation et la distribution de viande de veau. Son chiffre d’affaires s’élevait à 4 M$. Le 19 septembre, l’exploitation a cessé ses activités d’abattage et de transformation de veaux, mais également d’agneaux, de chevreaux et d’émeus. Près d’une trentaine d’employés perdent ainsi leur gagne-pain.

La boutique Les Saveurs de Charlevoix, que la compagnie exploite au marché Jean-Talon à Montréal, demeure ouverte le temps d’écouler les surplus d’inventaires, indiquent, par voie de communiqué, ses propriétaires, Linda Côté et Jean-Robert Audet.

Plusieurs facteurs ont grevé la rentabilité de ce fleuron de la production de veaux de grain. D’une part, « les dettes accumulées au cours des nombreuses années de construction et de gestion d’infrastructures à caractère régional et la récession qui sévit depuis 2007 ont affecté particulièrement les viandes dont le prix est plus élevé, comme le veau et l’agneau », expliquent Mme Côté et M. Audet. D’autre part, la flambée des prix du petit veau laitier depuis juillet dernier a rendu impossible la poursuite des affaires dans un contexte de marges bénéficiaires très réduites, ajoutent-ils. La diffusion d’un reportage sur des veaux de lait maltraités dans une ferme de Pont-Rouge et toute la mauvaise presse qui s’en est suivi a fait chuter les ventes de Veau Charlevoix de 30 % depuis avril.

Disparition

Pour l’instant, la disparition de cet acheteur de veaux de grain ne s’est pas répercutée sur les prix. Ceux-ci sont actuellement vigoureux grâce à la rareté des bêtes et à une demande très forte, résume le directeur de la mise en marché veaux de grain, à la Fédération de producteurs de bovins du Québec (FPBQ), Réal Daigle. Celui-ci déplore néanmoins la perte d’un acheteur sur l’enchère électronique. Veau Charlevoix se procurait une trentaine de veaux par semaine.

La fermeture de l’usine de Clermont frappe de plein fouet l’appellation Agneaux de Charlevoix, la première indication géographique protégée (IGP) de la province. En effet, les bêtes de cette filière y étaient transformées.

« Pour les producteurs de la région, c’est un dur moment à passer », témoigne Lucie Cadieux, de la Ferme Éboulmontaise et membre du Regroupement des producteurs d’agneaux de Charlevoix. Ces éleveurs se sont tournés vers l’abattoir Pouliot, de Lévis. Ce changement ne s’est pas fait sans impact sur les revenus. Ainsi, les frais de transport ont plus que doublé, affirme Donald Tremblay, président du Regroupement. La durée du trajet vers l’abattoir est passée de moins de 30 minutes à environ 2 heures, ce qui occasionne une perte de poids plus importante des animaux.

Veau Charlevoix achetait aussi près d’une dizaine d’agneaux lourds par semaine. À l’échelle de la province, l’impact s’avère très, très minime, puisque les bêtes qui y étaient abattues représentent moins de 1 % des volumes de l’Agence de vente des agneaux lourds, souligne la directrice générale de la Fédération des producteurs d’agneaux et moutons du Québec, Amina Baba-Khelil. « On déplore toujours la fermeture d’un abattoir quand ça arrive », précise-t-elle.

Pour l’instant, les producteurs locaux souhaitent qu’un mouvement collectif s’amorce afin de redémarrer l’abattoir régional. Les deux centres locaux de développement (CLD) de la région de Charlevoix travaillent sur ce dossier.

Quant aux propriétaires de Veau Charlevoix, ils se disent à la recherche d’investisseurs souhaitant relancer leur entreprise.