Régions 9 septembre 2014

Démarrer tête première

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Tel que publié dans Est du Québec

BAS-SAINT-LAURENT —La Tête sur le bio, située à Sainte-Luce, près de Rimouski, dernière-née des fromageries artisanales dans l’Est-du-Québec, compte mettre les bouchées doubles au cours des prochains mois pour faire la mise en marché de ses produits fins.

 « À 50 ans, c’est le cas de le dire, je me suis mis la tête sur le billot! » s’exclame le fromager Christian Paturel, rencontré six mois après le début des opérations de cette nouvelle fromagerie. « Au départ, je me suis d’abord assuré de la qualité du produit, et l’accueil est au-delà de mes espérances. J’ai choisi le bio parce que c’était dans mes valeurs et qu’il fallait que je me démarque. »

Déjà, les fromages sont distribués dans une dizaine de points de vente et deux marchés publics de la région, dans les circuits des produits naturels ou de santé, mais hors des grandes chaînes de distribution.

Cinq produits ont été mis en marché : l’Affine Bouche (pâte ferme à croûte lavée, affinée au sel de mer), le Coq de l’Anse (pâte ferme à croûte lavée, affinée aux fines herbes du Bas-du-Fleuve), le Lune de Miel (pâte demi-ferme à croûte lavée à l’hydromel), le cheddar pressé et le cheddar en grains, offert les fins de semaine, de la Saint-Jean-Baptiste à la fête du Travail).

Imprenable Rimouski

Rimouski constitue le marché le plus populeux de l’Est-du-Québec. Pourtant, deux fromageries ont déjà échoué dans leur tentative de s’y implanter. « Il y a là un défi. Si les fromageries ne marchent pas dans la région de Rimouski, il y a une raison. Si ce ne sont pas les produits, est-ce que ce serait la mise en marché? Il faut que les ventes au comptoir roulent, mais je ne suis pas inquiet. C’est l’été prochain que je vais voir si je suis bien parti. Je veux approcher les restaurants, les gîtes, les auberges », précise Christian Paturel.

Pendant l’été, plus de 6 400 véhicules passent devant la fromagerie artisanale, située à l’entrée du village de Sainte-Luce, le long de la route 132 qui mène vers la Gaspésie et le Nouveau-Brunswick.

« Dans une petite entreprise comme la mienne, il faut faire du milieu et du haut de gamme, pas du volume. Ici, on thermise le fromage. On ne pasteurise pas, car ça tue toute la microflore dans le lait, y compris la bonne microflore. Le défi est de faire connaître le produit. Il y a du monde ici l’été, des touristes, ceux de Sainte-Luce-sur-Mer. Il faut créer l’intérêt et l’habitude d’aller à la fromagerie bio. Je veux aussi offrir des pâtés et des terrines. » Tous les fromages sont fabriqués à partir du lait produit à la ferme Géracine de Saint-Damase-de-Matapédia.

Le bon moment

Christian Paturel avait déjà suivi un cours à l’Institut de technologie agroalimentaire, campus de La Pocatière, et même tenté de démarrer une fromagerie à la fin des années 90. Le temps n’était pas encore venu. « Au début, je ne voulais pas me lancer, car ça demandait beaucoup d’énergie. Une amie m’a dit d’aller voir la fromagerie dans ses locaux à Sainte-Luce et c’est ce que j’ai fait. J’ai cogné à toutes les portes, une à une, et il y a eu un bon accueil et une aide très appréciée. Je n’ai pas heurté de mur infranchissable et j’ai démarré mon entreprise. »