Vie rurale 7 février 2018

La pénurie de main-d’œuvre est généralisée

Des producteurs agricoles suspendent leurs projets d’expansion et alourdissent leur charge de travail en raison du manque de main-d’œuvre. Des fermes et des entreprises de transformation déroulent le tapis rouge pour recruter des employés et ont de plus en plus recours aux travailleurs étrangers. Portrait d’une situation généralisée.

« Un taux de chômage de 2,4 %, c’est le plus bas qu’on a jamais vu. Les producteurs doivent compétitionner avec des industries qui offrent des postes de journaliers à 18 ou 20 $ l’heure. Ça nous rentre dedans! Certaines fermes doivent attendre des mois avant de trouver des travailleurs. Avant, c’était fait en deux ou trois semaines », explique Maxime Bolduc-Poulin, conseiller en ressources humaines au Centre d’emploi agricole de Chaudière-Appalaches. Pour recruter des ouvriers sans expérience, des exploitations doivent offrir des conditions de travail jamais vues.

Même constat au Saguenay–Lac-Saint-Jean et au Centre-du-Québec, où la situation du recrutement est particulièrement problématique en raison de l’éloignement de ces régions des principaux bassins de main-d’œuvre. Après des mois à espérer trouver un ouvrier, des fermes laitières et maraîchères se sont résolues à engager un travailleur étranger. Mais leurs dirigeants doivent alors s’exprimer en espagnol, ce qui constitue un autre défi!

L’augmentation de la main-d’œuvre étrangère est par ailleurs éloquente : 10 454 travailleurs étrangers ont été appelés en renfort en 2016. C’est 28 % de plus que les 7 957 qui sont venus ici en 2010, indique la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME). Depuis plus de 25 ans, l’organisme effectue le recrutement de travailleurs étrangers temporaires.

10 600 emplois à pourvoir

D’après le Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture, près d’un travailleur agricole sur quatre au Québec devrait prendre sa retraite d’ici 2025. Quelque 10 600 emplois agricoles risquent de ne pas être pourvus au Québec dans sept ans, selon l’organisme fédéral. Celui-ci souligne que le taux de roulement au Québec est plus élevé que la moyenne canadienne. À ce sujet, des conseillers en ressources humaines contactés par
La Terre mentionnent que des entreprises agricoles font plus d’efforts pour garder leurs employés et que ça fonctionne.

Notons également que diverses campagnes de recrutement sont déployées ici et là au Québec. L’organisme Place aux jeunes en région a d’ailleurs réussi à faire migrer 981 jeunes de la ville vers des municipalités rurales pour qu’ils y travaillent.

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