Vie rurale 13 octobre 2017

« Une vie, ça vaut plus que 1 600 $ » – Michael Sarrazin

SAINT-POLYCARPE — Michael Sarrazin repense souvent au tragique accident qui a coûté la vie au frère de son voisin, Henri André, l’année dernière.

L’homme de 74 ans s’était hissé en haut du silo de 60 pi pour en surveiller le remplissage, comme il le faisait depuis toujours, sans se rendre compte que cette fois-là inhalait des vapeurs de dioxyde d’azote.

Pour cette raison, pas question pour Michael et ses proches de manquer la présentation sur les détecteurs de gaz que Suzanne André organisait à sa ferme le 2 octobre, quelques jours après le triste anniversaire de la mort de son beau-frère. « J’ai deux petites filles. Ce sont des choses auxquelles tu penses, confie Michael. On veut redescendre [du silo], on veut rentrer à la maison le soir. »

Présentation

C’est dans la cour de la Ferme Belcourt, non loin du silo qui a fauché la vie de M. André, que le vendeur de la compagnie Équipements Lambert (une filière de Silo J.M. Lambert) a tenu sa présentation. Après avoir expliqué le fonctionnement et les bienfaits des équipements de sécurité, le vendeur a finalement dévoilé le chiffre que tous attendaient : un détecteur « quatre gaz » coûte 1 600 $.

« Même si l’ensilage est fini, je l’ai acheté, explique le beau-père de Michael, Ronald Vincent, de la Ferme Wilfrid Vincent et fils. Vaut mieux prévenir… » « Une vie, ça vaut plus que 1 600 $ », renchérit Michael. L’année dernière, la mort de M. André avait créé tout un émoi chez les producteurs de la région. L’amer souvenir refait d’ailleurs surface chaque fois qu’un accident du genre est rapporté dans les médias.

« Avec Facebook, les réseaux sociaux, tu vois des accidents. C’est ça, je pense, qui nous shake le plus. Ça vient d’arriver et deux jours après, tu te dis : “Bon ben, faut que j’aille dans le silo” et tu y penses en montant », confie Michael. Les gaz sont sournois, incolores et inodores. L’appareil que M. Vincent vient d’acheter détectera les gaz émanant de silos, mais aussi de fosses à purin. D’ailleurs, tous les producteurs présents s’en sont équipés, même si on trouve certains modèles moins chers sur Internet. « La CNESST vous a à l’œil », a rappelé le vendeur, soulignant que contrairement aux appareils vendus en ligne, son modèle est homologué par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Pendant l’organisation de cette présentation, Suzanne André a constaté qu’il était difficile de faire sortir les producteurs. Elle en a bien appelé une trentaine dans sa région et a dû reporter la date à trois reprises. Seulement 10 se sont présentés. Le manque de temps était l’argument principal justifiant l’absence. « Les cultivateurs, c’est ça, ça ne pense pas à leurs vies », se désole Mme André.