Vie rurale 8 septembre 2014

Le campus Alfred sur le respirateur artificiel

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Le campus Alfred, institution de formation agricole reconnue, est menacé de fermeture pour la quatrième fois depuis sa création en 1981.

Aux prises avec des déficits importants, l’Université de Guelph s’est imposé une cure minceur, hier, en annonçant notamment la fermeture de ce campus reconnu. La Cité collégiale d’Ottawa et le collège Boréal se sont lancés au chevet de la seule institution d’enseignement des technologies agricoles et alimentaires francophones en Ontario.

L’université ontarienne assurera la diplomation des étudiants actuels, mais n’accueillera plus de nouveaux élèves à l’automne 2014. « La Cité collégiale d’Ottawa et le collège Boréal vont continuer d’accueillir de nouveaux étudiants », lance la directrice du campus Alfred, Renée Bergeron, en tentant d’atténuer l’impact de l’annonce de l’Université de Guelph. Selon la directrice, les trois programmes collégiaux dispensés à l’heure actuelle continueront d’être offerts l’an prochain. « Quelqu’un qui nous visitera l’an prochain ne remarquera même pas de changement », soutient-elle.

La professeure entrevoit l’avenir avec enthousiasme. Pour elle, la solidarité dans le milieu agricole franco-ontarien permettra à l’institution de survivre. « C’est certainement la fin d’une époque, mais j’entrevois l’avenir avec enthousiasme », clame-t-elle. Si les programmes collégiaux offerts au campus semblent hors de danger, Renée Bergeron avoue être incapable d’en dire autant des certificats et de la ferme du campus. « Il est trop tôt pour que je me prononce à ce sujet », a-t-elle simplement indiqué à la Terre.

Prudence à l’Union des cultivateurs

Le directeur général de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), Simon Durand, ne partage pas l’enthousiasme de la directrice du campus Alfred. Inquiet, il refuse de s’emballer devant la possible collaboration avec la Cité collégiale d’Ottawa et le collège Boréal. « Je reste sur mes gardes tant qu’il n’y a pas d’engagement sur papier des deux institutions », affirme-t-il, déplorant au passage le désengagement de l’Université de Guelph dans l’éducation agricole.

En plus de cesser ses activités au campus Alfred, l’université ontarienne a annoncé qu’elle mettra la clé dans le verrou de son pendant anglophone, le campus de Kemptville. « Le communiqué de presse de l’Université ne laisse rien présager de bon pour ce campus, explique le directeur général de l’UCFO. Le cas de Kemptville demeure très flou, on a très peu d’informations. » Au moment de publier l’article, le campus n’avait pas rappelé la Terre.

Simon Durand s’inquiète du vide que laissera la fermeture de Kemptville. « C’est le plus gros et le plus ancien collège agricole de l’Ontario, note-t-il. S’il disparaît, il n’y aura plus d’école d’agriculture dans l’est de la province. »

Les difficultés financières de l’Université de Guelph et la baisse du nombre d’inscriptions auraient poussé les dirigeants à prendre cette décision. Les 2 campus satellites coûteraient 7 M$ par année à l’institution universitaire.