Élevage 6 janvier 2017

Survivre comme éleveur de porcs indépendant

PLESSISVILLE — En affaires depuis 25 ans, le producteur de porcs Réjean Le Moine a vu disparaître bien des confrères indépendants au cours de la dernière décennie. Il estime que son entreprise, Le Porc du Moine, a résisté à la vague de fermetures grâce à un système d’alimentation liquide permettant de réaliser de précieuses économies.

« Étant donné qu’on ne peut plus jouer sur le prix de nos porcs, le seul pouvoir qu’on a comme ferme indépendante, c’est notre coût de production », affirme M. Le Moine. L’alimentation comptant pour plus de 50 % de ces coûts, l’entreprise a choisi de se démarquer ainsi, en plus d’aller chercher une prime pour l’élevage de ses porcs sans antibiotiques. « Pour passer au travers, il faut être original et rester en haut de la moyenne », confie le producteur qui qualifie toutefois de « moyen » son niveau de confiance en l’avenir.

Sondage auprès des éleveurs

Un sondage CROP réalisé auprès de 340 éleveurs de porcs révèle justement que les producteurs indépendants sont plus inquiets face à l’avenir de la production porcine (53 %) que ceux à forfait avec un intégrateur (15 %).

Le bien-être animal arrive au premier rang des sources d’inquiétude, de manière encore plus marquée chez les éleveurs indépendants (61 %), comparativement à ceux à forfait (23 %).

Avant de reconstruire leurs pouponnières à engraissement décimées par un incendie fin 2015, Réjean Le Moine et sa conjointe Theresa ont sérieusement réfléchi. Ils ont finalement choisi de poursuivre l’aventure porcine, avec des parcs plus vastes réduisant le stress des animaux.

Investissements nécessaires

L’éleveur redoute toutefois l’échéance de 2024 qui l’obligera à loger en groupes les truies et cochettes. « Ça va nous prendre un soutien pour le faire parce que je ne vois pas les producteurs indépendants y parvenir alors que ça ne leur rapportera aucun revenu supplémentaire », déplore le producteur.

Le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Boissonneault, a bon espoir qu’un programme provincial d’investissement verra le jour pour aider les producteurs à se conformer aux normes de bien-être animal. « Nous avons pris tellement de retard [dans nos investissements] qu’en nous mettant à niveau pour le bien-être animal, je pense que nous allons améliorer nos performances, notre compétitivité et notre efficacité », affirme-t-il, lorsque rencontré à sa ferme de Lyster.