Élevage 2 septembre 2014

Le poulet de la discorde

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L’abattage de poulets selon les rites halal alimente le débat à propos des accommodements raisonnables.

C’est l’ancien chef de l’Action démocratique du Québec (ADQ), Mario Dumont, qui a parti le bal lors de son émission Dumont le midi en révélant que tous les poulets provenant de l’usine Olymel de Saint-Damase sont abattus selon les rites musulmans.

Le critique péquiste en matière d’Agriculture, André Simard, a pris la balle au bond et réclamé au gouvernement un état de situation complet sur l’abattage d’animaux selon des rites religieux, et ce, d’ici le 23 mars prochain. « Ainsi, on apprend, par l’entremise des médias, que les consommateurs québécois achètent de la viande halal sans qu’ils en soient informés. Le malaise est réel devant ce manque de transparence », a déclaré le député Simard. À son avis, ce type d’abattage heurte de plein fouet les valeurs québécoises. « Au Québec, nous avons fait le choix depuis longtemps d’abattre nos animaux pour consommation en prenant des mesures pour insensibiliser les animaux et les abattre en minimisant les souffrances. Dans leur grande ouverture, les Québécois acceptent aussi que, sur une base d’exception, des communautés religieuses puissent procéder à un abattage selon des rituels. Or, quand l’exception devient la règle, il y a un problème », a poursuivi André Simard.

La compagnie Olymel, au cœur de cette tempête médiatique, se défend de faire de l’abattage cruel, à froid. À son usine de Saint-Damase, tous les poulets sont certifiés halal, mais ils sont tous insensibilisés avant d’être saignés mécaniquement. La présence d’un imam qui récite une prière constitue la seule différence avec le protocole d’abattage conventionnel. Et cette pratique ne présente aucun risque pour la salubrité, pas plus qu’elle n’engendre de coûts importants, précise le porte-parole de l’entreprise, Richard Vigneault. « Nous opérons selon des politiques de bien-être animal très sévères et selon les normes de l’Agence canadienne d’inspection des aliments », a insisté M. Vigneault.

Pour sa part, le ministre de l’Agriculture, Pierre Corbeil, a tenu à rassurer la population quant à la salubrité et à l’innocuité des viandes et des volailles mises en marché au Québec. « L’abattage des animaux au Québec est encadré par des lois et des règlements qui assurent un abattage sans cruauté et une viande salubre. Toute viande issue d’un abattoir sous inspection doit respecter ces exigences avant d’être commercialisée », a indiqué M. Corbeil. Il dénonce du même coup les propos alarmistes du député Simard, qui laissait entendre que la salubrité de la viande pouvait être mise en péril dans les conditions d’un abattage halal ou kasher.