Élevage 29 août 2014

Russie : NIET au porc québécois!

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La fermeture des frontières russes au bétail traité à la ractopamine, un facteur de croissance largement utilisé en production porcine, se répercute sévèrement chez des abattoirs du Québec et du Canada.

En décembre dernier, la Rosselkhoznadzor, le service russe de surveillance vétérinaire et phytosanitaire, annonçait son intention d’interdire les importations de viande provenant d’animaux traités à la ractopamine.

Cet additif alimentaire mieux connu sous ses appellations commerciales de Paylean® et Optaflexx® permet d’obtenir des animaux plus lourds à la teneur en maigre plus élevée, affirme son fabricant, la compagnie Elanco. Le produit est approuvé par Santé Canada.

Les autorités russes précisaient également leur intention d’exiger, à compter du 8 avril dernier, que les produits de porc et de bœuf canadiens proviennent d’animaux nés et élevés au Canada sans ractopamine et transformés dans des usines réservées exclusivement à l’abattage d’animaux exempts du facteur de croissance.

Au cours des derniers mois, plusieurs abattoirs québécois et canadiens ont ainsi investi afin de conserver leur accès à la Russie. Quelques jours avant l’échéance d’avril, le gouvernement russe faisait volte-face et décidait d’établir lui-même une liste d’établissements éligibles à l’exportation, sur la base de leurs dernières inspections en sol canadien.

« Les Russes ont établi une liste à distance et dans certains cas, leurs inspections remontent à plusieurs années », dénonce Martin Charron, vice-président de Canada Porc International (CPI). La fameuse liste comprend 19 abattoirs et maisons de découpe de porc, de bœuf et de veau, notamment les établissements d’Agromex, d’Écolait, d’Olymel Vallée-Jonction et de Maple Leaf Lethbridge.

Les Russes ont « oublié » plusieurs usines d’importance au Québec, tels que Atrahan Transformation, Aliments ASTA et Viandes du Breton. Les géants du bœuf Cargill et JBS de même que l’abattoir de porcs de Maple Leaf situé à Brandon au Manitoba ont également perdu leur accès à ce marché lucratif.

Pour les transformateurs du Québec, il s’agit d’un coup dur puisque la Russie constitue le 2e marché d’exportation, avec 24 % des volumes, calcule CPI. Pour l’ensemble de l’industrie porcine canadienne, la Russie représente le 3e marché d’exportation, pour une valeur de près de 500 M$.

Pour plusieurs observateurs, les nouvelles normes russes ne sont qu’une simple excuse pour soutenir le prix du porc sur son marché intérieur. « Le problème c’est que la ractopamine est utilisée comme barrière non tarifaire. La Russie souhaite ralentir les importations de viande », estime Vincent Breton, de Viandes duBreton. En effet, depuis l’arrivée de la fédération russe au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le prix du porc sur son marché intérieur a chuté de 30 %.