Élevage 29 août 2014

Faibles prix = œufs cassés en France

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Des producteurs bretons ont cassé ou donné des dizaines de milliers d’œufs pour protester contre la faiblesse des prix causée par la surproduction actuelle.

Plus de 400 000 œufs ont ainsi été détruits dans l’ouest de la France en quatre jours de protestation, la semaine dernière, créant un malaise dans la population. Pour l’heure, le prix obtenu ne permet pas aux éleveurs de couvrir leur coût de production. Produire 100 œufs coûte 7 euros (9,60 $CA) alors qu’ils en touchent seulement 5 (6,85 $). En 15 mois, les prix des œufs ont été divisés par deux, dit-on.

Ces excédents tombent mal. Ils surviennent après que les éleveurs ont lourdement investi (environ 27 $/poule) pour mettre leurs élevages aux normes de bien-être animal européennes entrées en vigueur en 2012. La filière a devancé les abattages de poules pondeuses afin de réduire les surplus. Il faudra toutefois du temps pour qu’on voie l’effet de cette mesure sur les volumes de production. Entre-temps, les éleveurs revendiquent de l’aide de l’État afin de soulager leur trésorerie et de traverser cette passe difficile. La crise est particulièrement aiguë dans l’ouest de la France, qui assume 40 % de la production nationale avec ses 20 millions de pondeuses.

Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, n’a pas hésité à accuser la grande distribution d’exercer une trop grande pression à la baisse sur les prix. Celle-ci, qui écoule 40 % des œufs produits en France, montre du doigt les cinq industriels qui lui fournissent ses œufs, essentiellement français.

Cette surproduction, qui vaut aussi pour l’Union européenne, fait paradoxalement suite à une pénurie liée à l’arrêt de production de nombreux poulaillers contraints de respecter les normes sur le bien-être animal. Cette pénurie avait donné lieu à une période de prix particulièrement élevés de juillet 2011 à mars 2012.

« L’analyse de la situation laisse apparaître qu’une normalisation des prix d’achat aux producteurs ne peut résulter que d’un ajustement de la production avec la demande », précise un communiqué émis par le ministère de l’Agriculture français.

Des analystes estiment que l’offre est supérieure de 30 % à celle de l’an dernier en France et dépasse largement la demande. Ils évaluent l’excédent de pondeuses entre 15 et 20 millions à l’échelle européenne.