Actualités 8 mars 2019

Hortau : une arme dans la guerre de l’eau

Les étés étant de plus en plus chauds et secs, l’eau devient encore plus précieuse pour les agriculteurs. La saine gestion de cette ressource constitue un des nerfs de la guerre, et c’est pourquoi certains se tournent vers des technologies d’irrigation pour obtenir plus de précision. Une des entreprises offrant de tels outils, Hortau, se trouve à Lévis. L’UtiliTerre s’est entretenu avec quatre de ses clients pour avoir leurs impressions sur l’efficacité de cette solution.

Alexandre Bastien, de Houblon Bastien, s’est lancé dans le houblon en 2015. La première année, il n’a pas obtenu de bons résultats. Sa deuxième récolte, elle, était « correcte ».

« On s’est demandé ce qu’on pouvait améliorer », explique Alexandre. Il pense d’abord à la fertilisation, mais à travers ses rencontres et ses discussions, il tombe sur un agronome qui a fait des recherches sur le houblon. Le constat de ce dernier est sans équivoque : de 50 % à 80 % du rendement provient de la gestion de l’eau.

Des données plus précises

Le producteur décide de faire affaire avec Hortau pour obtenir des données plus précises. Surprise! Lors de la seconde phase de croissance de la plante, il doit arroser deux fois plus qu’il ne le faisait normalement. Tant et si bien qu’il doit installer un système d’irrigation d’appoint.

Même constat au Potager Riendeau, une ferme maraîchère de la région de Saint-Rémi qui se spécialise dans la production d’oignons, de céleris et de laitue. L’été particulièrement sec que l’on a vécu a mis la technologie d’Hortau à l’épreuve. « On voulait savoir précisément quand on devait arroser et avec quelle quantité, explique Pascal Riendeau. Cette année, c’est la première fois que nos réserves ont été à sec par moment. La gestion de la ressource était primordiale. »

Les résultats parlent d’eux-mêmes. Environ 15 % d’augmentation de rendement en moyenne pour les deux cultivateurs, quoique certaines espèces de houblons ont produit six fois plus que l’année précédente. « On a aussi changé d’autres procédures, dont la fertilisation, mais c’est sûr que l’irrigation y est pour quelque chose », indique Alexandre Bastien.

L’accumulation des données au fil des ans permet d’établir un historique qui a aussi son utilité. Raphaël Desjardins, des Fermes Tri-Jardins, collabore avec Hortau depuis quelques années. Il commence à percevoir comment le système lui permet de préciser sa pratique. « La technologie mesure la tension du sol et on établit une zone de confort dans laquelle il faut se tenir, explique Raphaël. Avec le temps, je l’ai affinée pour avoir toujours de meilleurs résultats. »

Pascal Riendeau, de l’entreprise Potager Riendeau.
Pascal Riendeau, de l’entreprise Potager Riendeau.

La tranquillité d’esprit

Outre le rendement, tous s’accordaient pour dire qu’un des grands avantages d’un tel système est la tranquillité d’esprit qu’il procure. Comme les sondes transmettent leurs données sur les réseaux sans fil et serveurs Web, les agriculteurs peuvent savoir ce qui se passe dans leur champ à partir de leur téléphone intelligent et réagir promptement.

Par exemple, Frank Millier, de Canneberges d’Or, doit protéger les bourgeons des gels printaniers. L’eau courante étant plus chaude que le point de congélation, il irrigue ses plants. Or, dès que la température extérieure dépasse 0,5 °C, il peut arrêter, ce qui signifie des économies d’eau et du diesel permettant le fonctionnement des pompes.

« Dans la canneberge, les technologies de précision ont eu un gros impact, dit-il. Cela a transformé les habitudes de production du milieu. »

Pour Pascal Riendeau, cette tranquillité d’esprit doit être prise en compte quand un agriculteur évalue le ratio coût/bénéfice de la technologie. « En tant que cultivateur, on a tellement de choses à penser, dit-il. Juste ici, on a 125 travailleurs étrangers qui viennent nous prêter main-forte… Ça nous simplifie vraiment la vie. »

Précis? Oui, mais…

Les quatre entrepreneurs agricoles interviewés par L’UtiliTerre pour cet article n’avaient pratiquement que des bons mots pour Hortau. Le hic, c’est que, parfois, ils aimeraient que le service soit plus… précis!

C’est que l’entreprise loue sa technologie et que le coût est évalué, entre autres, par le nombre de sondes que l’on installe sur ses terres. Et on ne parle pas de 25 appareils. Par exemple, Canneberges d’Or en utilise deux pour couvrir 70 acres.

Comme les températures, le type de sol et la rétention d’eau peuvent varier sur une parcelle, tous ont mentionné que, pour que la solution soit pleinement efficace, ils devraient avoir plus de sondes, mais que le ratio coût/bénéfice deviendrait alors moins intéressant.Il faut donc bien connaître sa terre pour trouver l’endroit le plus représentatif de la zone qu’on veut analyser pour installer sa sonde. Certains la changent d’endroit plusieurs fois par an, selon la culture et la période de l’année