Nouveauté 3 mars 2023

Telus Agriculture : comment et pourquoi?

Georges Paradis

Le groupe de télécommunications Telus a lancé une division Agriculture et biens de consommation (Telus Agriculture) en 2020 avec l’ambition de transformer le système alimentaire mondial. Trois ans plus tard, les plateformes numériques de l’entreprise offrent un accompagnement 2.0 à leurs abonnés qui sont producteurs de grains, de bovins de boucherie ou proviennent de toute la chaîne d’approvisionnement pour réduire, notamment, le gaspillage alimentaire. 

Le vétérinaire consultant Georges Paradis suit les troupeaux de vaches-veaux d’une douzaine de fermes au Québec pour le compte de Telus Agriculture. En achetant l’entreprise qui l’employait, il y a un peu plus de deux ans, Telus Agriculture a par le fait même lancé une sous-division Santé animale, spécialisée dans les bovins de boucherie. Quelques mois plus tard, Telus Agriculture a fait l’acquisition de l’application de gestion Herdtrax. « Ça couvre tout, l’alimentation, la génétique, la génomique, la reproduction, la santé, etc. », explique M. Paradis. 

Le client entre ses données dans l’application, qui est reliée au nuage, et le vétérinaire voit tout ce qui se passe à la ferme en temps réel. « Avec votre vétérinaire, vous pouvez bâtir des protocoles qui sont déjà inscrits dans l’application. Si le producteur identifie le problème, il choisit le bon protocole, les médicaments qu’il faut donner s’affichent automatiquement. Le bon dosage va s’inscrire en fonction du poids de l’animal qui était ­rentré dans l’application », donne-t-il en exemple. 

Les producteurs peuvent aussi cocher la case « avis du vétérinaire demandé » et accompagner la demande d’un commentaire, de photos ou d’un vidéo. « Aussitôt que les données de cet animal malade sont sauvegardées, le vétérinaire reçoit un courriel [indiquant] d’examiner ce dossier-là et de faire le suivi avec le client », dit M. Paradis. La plateforme n’existe pour l’instant que pour les bovins de boucherie. Telus Agriculture supervise ainsi quatre millions de têtes en Amérique du Nord, incluant le Québec. Elle ne prévoit toutefois pas développer de plateforme pour la production ­laitière à court terme. 

Du côté des grandes cultures, la plateforme numérique de gestion agricole de Telus Agriculture dessert 3 575 fermes, majoritairement situées dans les Prairies, et couvre 5,6 millions d’hectares. Aucune ferme ne l’utilise encore au Québec, étant donné le bassin de producteurs plus faible que dans l’Ouest. 

Élise Dubourg

La plateforme est un outil d’aide à la prise de décision, depuis le choix des semis jusqu’à la vente de la récolte, mentionne Élise Dubourg, membre de l’équipe des ventes de Telus Agriculture au Manitoba. « Je sais qu’on est en train de regarder pour faire une traduction et avoir, éventuellement, [une plateforme] en français pour les producteurs québécois », indique-t-elle.

Les données amassées permettent de planifier la saison à venir et d’effectuer un plan de culture en comparant les rendements réels et projetés. Elles servent, par exemple, à optimiser la production en photographiant les ravageurs, les maladies, les mauvaises herbes et les dommages et en les envoyant à son agronome. Les données amassées dans les fermes et tout le long de la chaîne d’approvisionnement permettent de réduire le gaspillage alimentaire, estime l’entreprise de télécommunications. « Notre but, c’est de connecter [la ferme, la coop, l’entreprise de transformation et le supermarché] pour pouvoir savoir où est la bonne source de céréales dont l’acheteur a besoin pour ­pouvoir éliminer les déchets le long de la filière, en fait », explique Mme Dubourg. 

 « Tous les ans, il y a des agriculteurs qui mettent en silo des céréales qui se perdent parce qu’ils ne font pas assez attention, ne les tournent pas assez régulièrement. Ça se perd et ça finit en biodiésel à une valeur moindre que l’alimentation humaine », souligne la porte-parole de Telus Agriculture.


Un capteur pour la sécurité des employés

Telus Agriculture développe actuellement une solution qui vise à assurer la sécurité des employés de ferme qui travaillent seuls ou sont isolés. Un capteur pourra être accroché autour du cou ou à la ceinture d’un employé, dans un tracteur par exemple, et envoyer un signal d’urgence lorsqu’activé par l’employé en cas d’accident. « On est encore en phase de vérifications », explique Élise Dubourg, de Telus Agriculture. L’avantage, précise-t-elle, c’est que le capteur pourra être utilisé par plus d’une personne, contrairement à certains équipements de sécurité qui doivent être spécifiquement achetés pour chacun des employés. Le capteur sera soit connecté à Internet ou à un satellite.


Consultation psychologique à la ferme

En janvier 2023, Telus Santé est devenu le fournisseur exclusif de services cliniques et technologiques en santé mentale pour les agriculteurs canadiens affiliés au Canadian Centre for Agricultural Wellbeing. Cet organisme sans but lucratif créé en novembre 2022 travaille avec Telus Santé et Telus Agriculture pour fournir des ressources, du soutien et des renseignements en santé mentale adaptés à la réalité des agriculteurs canadiens et québécois. « On peut avoir un rendez-vous sur notre téléphone avec un psychiatre, un psychanalyste ou quelqu’un qui peut nous aider en santé mentale, et pour des gens comme les agriculteurs qui sont plus éloignés ou qui ont du mal à prendre un rendez-vous en ville. Ça pourrait être un service qui est déjà prêt à être utilisé aujourd’hui », souligne Élise Dubourg, de Telus Agriculture.