Machinerie 21 juin 2023

Rogator : la bête arrive au Québec

Avec 6 pi 4 po (1,90 m) de dégagement par rapport au sol, le Rogator du fabricant allemand Fendt ressemble à un grand échassier. Une fois ses rampes déployées, on dirait l’arroseuse autoportée prête à prendre son envol. Bref portrait d’une bête qui veut s’installer au Québec.

La firme allemande Fendt bonifie son offre en territoire québécois. Avec l’arrivée de son arroseuse autoportée, l’entreprise boucle la boucle pour ses 25 ans dans la Belle Province. « On va être en mesure de servir les producteurs de grandes cultures de la mise en terre à la récolte », soutient Simon Bourque, gérant de compte chez Fendt, connu depuis 1930 pour ses tracteurs. 

Le Rogator se veut la version améliorée du « pulvérisateur jaune », surtout présent aux États-Unis et dans le reste du Canada. « La machine s’adresse aux producteurs qui disposent de grandes superficies, à ceux qui veulent faire du forfait et aux compagnies qui souhaitent offrir un service complet, à partir des semis jusqu’aux récoltes », explique Simon Bourque.

Le Rogator peut rouler dans les champs avec un faible dégagement jusqu’à 42 km/h et avec un haut dégagement jusqu’à 24 km/h.

Quelques spécifications

La suspension dégagée sur 6 po (15 cm), la flexibilité du châssis et le système de traction indépendante aux quatre roues permettent au Rogator de garder un contact permanent avec le sol.

Le dégagement de 1,90 m par rapport au sol dans sa ­version haute saute immédiatement aux yeux. « Un dégagement de 76 po sous le châssis permet une application dans le maïs-grain, par exemple, sans endommager la culture », souligne le gérant de compte. À cela s’ajoute un système de direction aux quatre roues, conçu pour limiter l’impact des passages au champ. « Les quatre roues sont orientées, ce qui permet de faire des virages très courts à l’intérieur d’environ 16,5 pi », explique René Bisson, spécialiste de produits chez Fendt. « Et puis, comme l’arrière suit le devant tout le temps, on ne fait pas deux traces dans le champ », poursuit le spécialiste tout en ajoutant que la direction en mode « crabe » est également offerte en option. « On peut donc se déplacer de côté, pour contourner un obstacle quelconque, par exemple, sans tourner et faire fouetter la rampe. »

Si la hauteur de l’engin impressionne, il y a aussi ce qu’on ne voit pas ou peu qui mérite l’attention. Un moteur de 315 à 365 forces se trouve sous le capot du Rogator, monté sur un châssis en « C », comme pour les gros camions. « C’est un châssis très flexible grâce à un système unique de boulons et écrous de type rivet, conçu pour se déformer et épouser la géographie du sol », poursuit René Bisson. « La flexibilité du châssis, couplée avec la suspension à air d’un trajet de 6 po (15 cm), fait que les quatre roues de l’arroseuse touchent toujours le sol, quelle que soit la morphologie du terrain », ajoute le spécialiste. Comme une traction intégrale anime le véhicule, on évite la perte d’adhérence avec le sol. « Avant, on avait un entraînement en croix, entraîné par une pompe, explique René Bisson. On a maintenant une pompe avec quatre moteurs hydrauliques à débit variable qui permettent un contrôle de traction qui mesure la pression sur chaque roue, et sa vitesse de rotation, grâce à un capteur. Dès que la machine perçoit un dérapage, le débit hydraulique est dirigé aux roues qui ont de la traction. C’est ce qu’on appelle le SmartDrive System. 

Le système d’arrosage

L’envergure de la rampe varie de 90 à 132 pi (27 à 40 m). Un réservoir d’une capacité de 900, 1100 ou 1300 gallons est situé sur le dos de l’appareil et alimente le système de pulvérisation. Un réservoir spécial de 1580 gallons est également disponible. « La rampe d’arrosage est pressurisée », explique René Bisson. « Comme il n’y a pas de “bout de rampe”, dès que l’opérateur est prêt à appliquer, il n’a pas à attendre que le liquide se soit réparti dans chacune des buses. On n’observe aucun déficit d’arrosage », dit-il.

La pressurisation de la rampe présente au moins deux avantages, soutiennent les représentants de Fendt. Elle permet d’abord des économies pour le producteur. « À la fin d’une application, tout le liquide est ramené dans le réservoir principal. C’est jusqu’à 3 gal (11 L) de produit qui se trouvait dans la rampe que le producteur peut récupérer », soutient le spécialiste de produits. L’environnement y gagne aussi, ajoute pour sa part Simon Bourque. « Quand tu dois jeter au sol un certain nombre de litres de liquide pour purger ta rampe avant de commencer l’application, il y a un peu un non-sens là-dedans », explique-t-il. 

« Comme la machine dispose d’un système pour récupérer la bouillie appliquée, on en jette moins dans l’environnement, ce qui fait que chaque litre acheté par le producteur est consommé au bon endroit et pour les bonnes raisons. »

Le positionnement GPS et la présence de buses autonomes l’une de l’autre ajoutent à la gestion plus efficace des liquides. « Le système reconnaît quand on est déjà passé à un endroit », indique Simon Bourque. « Si on passe sur une section déjà arrosée, les buses concernées vont se fermer automatiquement, selon la programmation du plan d’arrosage enregistrée dans le système », précise René Bisson.

L’ajout de quatre réservoirs autonomes est également possible, en option. « Le réservoir principal contient le mélange qui sera appliqué, mais ce mélange n’est pas toujours nécessaire », explique René Bisson. « On veut parfois appliquer un produit spécifique. Le réservoir individuel permet de faire ce type d’opération qui peut être utile pour le travailleur à forfait qui va d’un producteur à l’autre, selon leurs besoins. » 

La mise en marché

Fendt commence à peine sa mise en marché du Rogator, au Québec. « On a toujours eu un marché assez fort dans l’arroseuse traînée ici; ça devenait plus difficile de justifier des machines automotrices », reconnaît Simon Bourque, qui a bon espoir de susciter l’intérêt des clients. Le groupe Symac, de Saint-Hyacinthe, est le premier concessionnaire à proposer le produit fabriqué au Minnesota. D’autres pourraient s’ajouter. Le joujou n’est cependant pas donné : environ 650 000 $ pour la version de base. Avec les options, la facture peut monter rapidement. « On donne une garantie de trois ans, incluant tout le programme d’entretien pendant la durée de la garantie », souligne toutefois Philippe Tremblay, directeur des ventes chez Symac.