Technique 18 avril 2023

Les yeux tournés vers le foin d’ici

L’industrie des plantes fourragères est en bonne santé au Québec. Elle génère quelque 150 M$ par année en exportant sa production principalement en ­Nouvelle-Angleterre et en Floride. Elle se trouve pourtant à la croisée des chemins pour prendre plus de place sur l’échiquier mondial.

La production de foin paie en effet plutôt bien, selon un rapport du Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA). Combien? Environ 1 700 $ à l’hectare. Pas étonnant, devant ce chiffre, d’apprendre que plus de 240 nouvelles entreprises sont apparues au Québec, entre 2012 et 2020, pour produire des plantes fourragères.

Le Québec pourrait néanmoins profiter des bouleversements climatiques pour accroître sa place sur les marchés mondiaux. Comme son climat pluvieux l’a mis à l’abri, jusqu’à présent, des sécheresses récurrentes qui affectent plusieurs régions du monde, il serait ainsi en mesure de s’imposer comme une source d’approvisionnement stable de foin de première qualité.

Actuellement, la majorité des producteurs québécois ne sont pas assez équipés en infrastructures de séchage, de pressage et d’entreposage pour pouvoir partir à la conquête du monde.

Le fleuve Saint-Laurent est un atout à ne pas sous-estimer pour les producteurs québécois. Le port de Montréal est un véritable tremplin pour eux vers les marchés européens, africains et du Moyen-Orient. Sa proximité leur permet d’offrir un produit de qualité à prix avantageux. La réussite d’entreprises comme la ferme Norfoin, de ­Saint-Césaire, peut servir d’inspiration pour plusieurs agriculteurs. Un obstacle de taille se dresse néanmoins sur le chemin de l’exportation outre-mer. Actuellement, la majorité des producteurs québécois ne sont pas assez équipés en infrastructures de séchage, de pressage et d’entreposage pour pouvoir partir à la conquête du monde.

De tels équipements modernes seraient aussi providentiels aux agriculteurs pour s’affranchir des aléas de la météo. Avec cette machinerie et ces entrepôts, les producteurs seraient en mesure de constituer une réserve de foin sec, disponible rapidement à la demande de différents éleveurs de la province, peu importe les caprices de dame Nature. « Le foin doit bâtir sa chaîne d’approvisionnement », affirme à ce titre Vincent Audet, du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). 

L’acquisition de telles infrastructures devrait être soutenue par un programme d’aide gouvernementale, au même titre que les autres cultures, plaident à ce titre plusieurs acteurs du milieu. Ce soutien serait d’autant plus justifié, aux yeux de ces derniers, que la culture du foin permet à la société québécoise d’atteindre des cibles ­environnementales.