Volailles 4 juillet 2023

Une industrie en croissance

Les signaux semblent au vert pour les éleveurs de poulets du Québec et du Canada. La demande pour la volaille paraît bien ancrée dans les habitudes des consommateurs et les perspectives de croissance restent bonnes. Pour une rare fois depuis un peu plus d’une décennie, cependant, le prix du poulet sur le marché de l’alimentation progresse plus rapidement que celui du porc et du bœuf. Signe d’un marché en déséquilibre?

La demande de poulet poursuit sa croissance au pays, et si les astres demeurent bien alignés, la préférence des consommateurs pour cette volaille devrait se poursuivre, estime Sébastien Pouliot, économiste chez Services économiques Pouliot. « C’est la viande qui a la meilleure croissance depuis 50 ans, et je n’entrevois pas que ça va changer. » 

Le système de gestion de l’offre qui régit la production permet de compenser une partie des coûts que doivent assumer les éleveurs. C’est le cas de l’alimentation, par exemple, qui représente un peu moins de la moitié des coûts de production du poulet. Autour de 47 %, souligne l’économiste. Au moment d’écrire ces lignes, le prix remis au producteur en vertu de la gestion de l’offre atteignait tout près de 2,10 $ par kilo vif. « De ce montant, environ 98 ¢ servent à compenser les coûts d’alimentation, et 47 ¢ pour combler celui de l’oiseau. Le reste, autour de 63 ¢, représente la marge bénéficiaire laissée au producteur. [Les chiffres ont été arrondis, ce qui explique pourquoi leur somme n’atteint pas 2,10 $]. » 

La part du poulet, comme viande, continue de progresser dans l’assiette des consommateurs. Photo : Les Éleveurs de volailles du Québec

Une marge bénéficiaire sollicitée

Tous les coûts ne jouissent pas de la même compensation, souligne cependant Sébastien Pouliot. Les dépenses d’énergie, de transport et de
main-d’œuvre demeurent à l’extérieur de la formule de compensation prévue par la gestion de l’offre. Ces frais ont augmenté, parfois de manière significative, depuis la pandémie. « Ce sont des coûts que les producteurs doivent supporter à travers leur marge », indique l’économiste Sébastien Pouliot.

L’impact de ces dépenses plus élevées, couplées aux contraintes de production imposées par la grippe aviaire, en particulier dans l’ouest du pays, trouve son chemin jusque sur les tablettes d’épicerie, observe Sébastien Pouliot. L’offre ne suit manifestement pas la croissance de la demande. « Le prix de la volaille a progressé de 10,4 % sur 12 mois », dit-il. Par comparaison, la hausse du prix du porc et du bœuf s’est élevée à 2,5 % et 5,5 % respectivement, au cours de la dernière année. 

Du capital plus cher

Avec la main-d’œuvre, le coût du capital représente l’autre source importante de dépense pour les producteurs. La hausse des taux d’intérêt, amorcée en mars 2022, contribue elle aussi à réduire la marge bénéficiaire restante des producteurs et à ralentir leurs ardeurs pour lancer de nouveaux investissements et satisfaire la croissance de la demande. 

Ce déséquilibre apparent entre l’offre et la demande pourrait toutefois être comblé en partie par l’entrée éventuelle du poulet chilien au pays. L’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste permet l’importation de
23,5 millions de kilos en 2023, soit entre 1,5 et 2 % de la consommation canadienne de poulet. Le Chili se trouve cependant aussi confronté à la grippe aviaire, ce qui contraint ses ventes à l’étranger pour le moment.