Volailles 4 juillet 2023

Une grippe qui fait mal

Les éleveurs de canards marchent sur des œufs. La grippe aviaire continue de faire des ravages chez certains producteurs et l’aide gouvernementale tarde à se matérialiser. Dans l’attente, les éleveurs encore épargnés croisent les doigts pour le demeurer. 

Le protocole de biosécurité, les producteurs de canards du Québec le connaissent depuis longtemps. Mais avec la grippe aviaire qui rôde, c’est un peu comme si on appliquait les mesures de protection, au cube.

« Seules les personnes responsables du soin des oiseaux entrent sur le site et les bâtiments », explique Sébastien Lesage, président et fondateur du Canard Goulu, de Saint-Apollinaire, dans Lotbinière. Les précautions ne s’arrêtent évidemment pas là, poursuit l’éleveur et transformateur, dont l’élevage demeure épargné par le virus jusqu’à présent. « Ça veut dire le respect des entrées danoises. On a un sas d’entrée où on met nos bottes réservées pour l’intérieur, avec des couvre-bottes et une façon bien précise de passer d’un sas à l’autre. Ensuite, on se désinfecte les mains », décrit l’entrepreneur tout en précisant que le même protocole, fait dans le sens inverse, s’applique à la sortie des bâtiments. « Plusieurs d’entre nous travaillent avec des travailleurs étrangers temporaires. C’est très important qu’ils comprennent pourquoi on tient tant à ces mesures de sécurité. »

L’élevage de Sébastien Lesage, de Saint-Apollinaire, dans Lotbinière, a été épargné par la grippe aviaire jusqu’à présent. Son président et fondateur, Sébastien Lesage, admet que la présence du virus lui cause un stress constant. Photo : Association des éleveurs de canards et d’oies du Québec

Un mal qui frappe fort

Tous les producteurs de canards n’ont pas la chance de Sébastien Lesage. Les Fermes Hudson Valley, de Saint-Louis-de-Gonzague, viennent tout juste de goûter aux effets dévastateurs de la grippe aviaire. « On a perdu 48 000 oiseaux, l’hiver dernier, en raison de la grippe aviaire », déplore Robert Caswell, président de l’Association des éleveurs de canards et d’oie du Québec (AECOQ) et vice-président des Fermes Hudson Valley. « Canards du Lac Brome, c’était l’année d’avant, et ça a été dix fois pire que nous autres », soutient le gestionnaire (6,7 millions d’oiseaux d’élevage ont été abattus en raison de la grippe aviaire en 2022, au Canada, selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments, dont 532 000 au Québec). Il ne s’agit pas des deux seuls exemples recensés dans la province, selon Robert Caswell. La plupart des 17 membres de l’Association y seraient passés. Quant au soutien gouvernemental, mis à part l’aide partielle d’Ottawa, rien ne semble pointer à l’horizon. « On sent l’écoute du MAPAQ, mais il n’y a pas de système qui existe pour le moment. »

Robert Caswell est président de l’Association des éleveurs de canards et d’oies du Québec. Photo : Association des éleveurs de canards et d’oies du Québec

Ce qui semble de plus en plus clair, toutefois, c’est que la grippe aviaire semble là pour rester. « En France, ils l’ont depuis 2015-2016, sans interruption », indique le producteur. « Ils sont en train de tester des vaccins, mais de ce que je comprends, la grippe se trouve dans notre environnement; il faut trouver des moyens de se protéger le mieux possible. »