Volailles 10 janvier 2025

Le changement de bottes moins efficace que prévu

Le changement de bottes à l’entrée des poulaillers imposé aux équipes d’attrapeurs de volailles coûte cher à mettre en place et ne suffirait pas à prévenir adéquatement les risques d’introduction de maladies comme l’influenza aviaire dans les troupeaux. 

C’est le constat fait par le Dr Ghislain Hébert, vétérinaire et chargé de projets pour l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA), après deux ans d’observation et de discussions avec les entreprises offrant des services d’attrapage de volailles et les producteurs agricoles.

Il fait valoir que les voies d’entrée de possibles pathogènes dans le bâtiment d’élevage sont nombreuses. D’une part, les attrapeurs se promènent d’un site à l’autre, attrapent les oiseaux avec les mains et s’agenouillent dans la litière, puis, d’autre part, la sortie de fumier se fait avec un tracteur qui vient de l’extérieur du poulailler et fait de nombreux allers-retours. « Ce qui fait qu’au bout de la ligne, dans cette période, le changement de bottes à lui seul, ça ne contrôle pas le risque finalement. Quand on regarde toutes les étapes de mise en place et le coût de cette mesure, qui peut représenter environ 1 M$, à mon avis, ce sont des efforts qui sont mis pour rien », a mentionné le Dr Hébert, lors d’une journée d’information destinée aux producteurs de dindon, le 17 décembre.

Un nouveau protocole de mise en quarantaine

Pour renforcer la biosécurité, le protocole suggéré a donc été revu par l’EQCMA. La cour de la ferme était auparavant identifiée comme une zone dite d’accès contrôlé (ZAC), alors que les poulaillers étaient pour leur part des zones d’accès restreint (ZAR). « Avant, c’était toujours le même statut. Là, la proposition est de changer le statut d’un poulailler de ZAR à ZAC dès qu’il y a attrapage et sortie de litière. Car une fois qu’on commence à ouvrir les portes, le poulailler devient comme la cour.  Donc, on recommence la procédure de nettoyage et de désinfection pour pouvoir refermer les portes et on retombe en ZAR pour le bâtiment. C’est vraiment une nouvelle notion », a résumé Nathalie Robin, directrice des audits aux Éleveurs de volailles du Québec.

Cette nouvelle mesure impose donc systématiquement une forme de mise en quarantaine des bâtiments d’élevage après une sortie d’oiseaux ou de fumier, et ce, jusqu’à ce qu’un lavage et un chauffage permettent de retrouver un niveau de biosécurité adéquat pour l’entrée de nouveaux oiseaux, a expliqué le Dr Hébert. « Plus vite on fait ça, moins de risque il y a de contaminer les autres poulaillers », a spécifié le vétérinaire. Il a ajouté qu’un autre élément pouvant améliorer la biosécurité serait de privilégier le tout plein tout vide dans un bâtiment d’élevage, c’est-à-dire la sortie complète plutôt que partielle des oiseaux d’un site pour éviter de laisser une partie du lot exposée aux contaminants après l’ouverture des portes.