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Dans les dernières semaines, le cas d’une adolescente de la Colombie-Britannique gravement malade après avoir été testée positive à la grippe aviaire et celui d’un homme des États-Unis décédé de complications après avoir contracté le virus ont fait réagir des spécialistes en maladies infectieuses. Plusieurs ont manifesté leurs craintes devant des signes qui montrent la capacité du virus à muter pour infecter plus facilement les humains.
Malgré cela, des organisations comme celle des Éleveurs de volailles du Québec, dont les membres travaillent étroitement avec des oiseaux, ne remarquent pas plus d’inquiétude sur le terrain. « On n’a pas eu de questions de nos éleveurs à ce sujet », indique Nathalie Robin, directrice des audits aux Éleveurs de volaille du Québec. D’autres, comme le transformateur Exceldor, disent malgré tout surveiller l’évolution de cet enjeu de près. « La situation est différente au Canada [par rapport aux États-Unis], mais on ne prend pas ça à la légère, car on reste directement impliqués », a fait savoir Gabrielle Fallu, chef des relations publiques pour l’entreprise de transformation.
De leur côté, des représentants de compagnies d’attrapeurs de volailles ont indiqué à La Terre qu’ils estimaient que les mesures de biosécurité « très élevées » dans les fermes du Québec, dont les équipements de protection portés par les attrapeurs de volailles, prévenaient déjà efficacement ce risque.
Selon le Dr Jean-Pierre Vaillancourt, professeur spécialisé en épidémiologie à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, la biosécurité est effectivement la meilleure arme contre cette menace. « Tout ce qu’on peut faire pour limiter la réplication du virus dans des élevages commerciaux et limiter le contact direct entre le virus et les êtres humains est une bonne chose, par exemple en équipant les personnes à risque de contact avec des animaux infectés pour réduire l’exposition au virus », répond-il à La Terre par courriel.
Une souche moins virulente qui passe plus facilement inaperçue
Les quatre foyers de grippe aviaire confirmés depuis l’automne 2024 dans des troupeaux commerciaux de volailles du Québec ont été infectés par une souche moins virulente du virus, soit la souche H5N2 faiblement pathogène. Contrairement aux souches H5N1 hautement pathogènes qui circulaient dans les vagues des dernières années, les souches faiblement pathogènes provoquent « moins de signes cliniques et de mortalité chez les oiseaux infectés et passent donc plus facilement inaperçues, ce qui complique et retarde souvent leur détection », souligne Nathalie Robin, directrice des audits aux Éleveurs de volailles du Québec.
Pourtant, les risques demeurent élevés que ce type de virus mute éventuellement vers une forme hautement pathogène, comme cela s’est déjà produit en 2004 en Colombie-Britannique, rappelle Martin Pelletier, directeur général de l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles. Depuis cet épisode, l’Agence canadienne d’inspection des aliments applique d’ailleurs le même protocole pour les souches faiblement pathogènes et hautement pathogènes de type H5 et H7 de la grippe aviaire, en procédant à l’élimination des oiseaux infectés et à la désinfection des bâtiments. La seule différence est que la zone de contrôle primaire établie autour du site infecté est moins grande pour les souches faiblement pathogènes, soit un rayon de 3 km autour du site plutôt que 10 km, précise Mme Robin.