Volailles 17 novembre 2023

Grippe aviaire : une mutation responsable « d’un petit vent de panique » au printemps

SAINT-HYACINTHE – Une mutation préoccupante du virus H5N1 de la grippe aviaire chez les mammifères a semé l’émoi pendant la vague de contaminations du printemps 2023 qui a frappé les élevages commerciaux de volaille au Québec.

Cette mutation se développe chez les mammifères et a le potentiel de se répliquer facilement. Elle est donc surveillée de près par la Santé publique, parce que « l’humain est évidemment un mammifère », a souligné Manon Racicot, vétérinaire épidémiologiste pour l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), lors d’une conférence prononcée dans le cadre des Rendez-vous avicoles de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), le 15 novembre, à Saint-Hyacinthe.

Le Québec s’est distingué des autres provinces canadiennes par la détection de cette mutation dans 15 sites infectés par la grippe aviaire au printemps 2023, a rapporté la Dre Racicot. « Je peux vous dire qu’il y a eu un petit vent de panique au niveau de la santé publique, parce que cette mutation était préoccupante. Bien que ce ne soit pas un signe de pandémie [pour l’humain], c’est quand même un signal d’alarme qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas », a-t-elle souligné.

Les cas ont été analysés par l’ACIA pour aider les producteurs à réduire les risques de propagation de ce virus muté dans leurs élevages.

Les oiseaux charognards comme source probable

Cette mutation n’a encore jamais été détectée chez les oiseaux migrateurs, qui sont pourtant considérés comme le principal vecteur de la grippe aviaire.  Elle a toutefois été observée chez des oiseaux charognards, lesquels mangent des mammifères pouvant en être infectés. Ce sont d’ailleurs eux qui ont été identifiés par l’ACIA comme la source de contamination la plus probable des sites d’élevages au Québec. 

Une enquête a d’ailleurs relevé des problèmes avec les bacs à carcasses, dont le couvercle endommagé ou mal fermé offrait « un buffet ouvert pour les oiseaux charognards », a illustré la Dre Racicot. D’autres éléments, comme des bris de biosécurité dans la sortie des carcasses par les employés, le passage des camions d’équarrissage trop près des portes des bâtiments d’élevage, ou encore la présence dans les alentours de ratons laveurs porteurs de la mutation ont également été ciblés comme des risques significatifs de contamination. 

Selon la Dre Racicot, le fait que le Québec soit l’une des rares provinces où l’on utilise beaucoup l’équarrissage a peut-être aussi joué dans la balance.

Des tests menés sur des porcs au laboratoire de Winnipeg

Des tests d’infections multiespèces menés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) à son Centre national des maladies animales exotiques de Winnipeg ont entre autres permis d’observer comment les porcs réagissaient lorsqu’ils étaient infectés par le virus H5N1 de la grippe aviaire. L’objectif était d’évaluer si la proximité entre les élevages porcins et de volailles peut comporter des risques. « Les porcs n’ont toutefois montré aucun signe clinique de maladie après avoir été infectés avec l’influenza aviaire. Par contre, ils ont développé des anticorps », a rapporté la Dre Manon Racicot, vétérinaire épidémiologiste à l’ACIA. L’étude est donc toujours en cours pour comprendre ce que cette réponse immunitaire des porcs implique.