Serres 29 mai 2023

Récupération des plastiques agricoles : un casse-tête pour les maraîchers

Chaque année, quelque 11 000 tonnes de plastiques à usage unique sont utilisées dans les entreprises agricoles du Québec, révèle une étude de Recyc-Québec. Traditionnellement, la majorité de ces matières était destinée à l’enfouissement, à défaut d’une solution pour les recycler ou pour les valoriser. Or, en vertu d’une nouvelle réglementation, ces plastiques devront être récupérés. Pour les producteurs maraîchers, l’enjeu n’est pas simple.

Lorsque ces plastiques seront souillés, notamment par de la terre, il sera difficile de respecter la nouvelle Réglementation sur la récupération et la valorisation de produits par les entreprises, qui entrera en vigueur en juin pour certains types de plastiques et dans deux ans pour les autres catégories.

On n’a pas de solution. Les projets pilotes sont faits pour les plastiques pour le foin, donc pour les grandes cultures. Les plastiques de champ ou les plastiques de serre sont souillés, ce qui fait qu’ils ne sont pas recyclables.

Catherine Lefebvre, présidente de l’APMQ

Pendant que les producteurs maraîchers cherchent des solutions, ils espèrent un délai supplémentaire avant de se conformer à la nouvelle réglementation. « C’est beau mettre en vigueur une réglementation, mais elle devrait arriver avec des solutions, souligne Mme Lefebvre. On les envoie où, nos plastiques? La volonté des producteurs est là. Mais, personne ne les veut. Je ne sais même pas s’il y a un endroit dans le monde qui les veut. » Selon elle, des approches ont été faites et le refus a été catégorique. 

Photo : Shutterstock.com

Un casse-tête

Si le recyclage des contenants de pesticides ne cause aucun problème, il en va autrement des paillis de plastique ainsi que des plastiques utilisés pour le recouvrement de tunnels et dans les systèmes d’irrigation goutte à goutte, qui devront être récupérés dès 2025. « Ça risque de poser problème parce que ces produits-là ne sont pas recyclés ni recyclables », atteste la directrice générale adjointe de l’APMQ, Catherine Lessard. 

Pour sa part, le directeur général de l’organisme estime que la responsabilité devrait revenir aux fabricants de ces plastiques de s’assurer que leur produit est recyclable. « Ils trouveront bien le moyen de nous refiler la facture », appréhende Patrice Léger Bourgoin. Là où le bât blesse, c’est également parce que ce sera de gros volumes de plastique à recycler, d’autant plus que ceux qui sont dans la terre argileuse sont retirés par petits morceaux parce qu’ils sont collés dans le sol. « C’est le fouillis et ils sont très difficiles à nettoyer », précise Mme Lessard. Aussi, comme ils sont remplis de terre, ils deviennent très lourds.

En dépit du fait que le plastique utilisé pour les serres est moins souillé que ceux qui servent au champ, il n’existe pas, pour le moment, d’issue de recyclage pour ce produit, de l’avis de Catherine Lessard.