Petits fruits 29 novembre 2024

Les fraises veulent se dissocier de la future chambre de coordination des serres

SAINT-HYACINTHE – En raison d’un différend sur les contributions, l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec (APFFQ) a déposé une demande d’exclusion de la future chambre de coordination et de développement des Producteurs en serre du Québec (PSQ) à la Régie des marchés agricoles et agroalimentaires du Québec. En assemblée générale annuelle, le 20 novembre, des producteurs en serre ont signifié leur mécontentement face aux retards engendrés par cette procédure. 

Le producteur de légumes de serre Luc Verrier, de Drummondville, n’a manifestement pas apprécié la prise de position de l’APFFQ. « L’UPA [Union des producteurs agricoles], c’est une famille. Moi, j’ai une famille, et les garçons, quand ils étaient petits, ils s’amusaient à se donner des coups de pied. Habituellement, celui que je chicanais, c’était celui qui donnait le coup de pied, pas celui qui le recevait, a-t-il affirmé. Je trouve très déplorable que les producteurs de fraises mettent des bâtons dans les roues inutilement à la chambre de coordination qui s’en vient. Je trouve que c’est très déplacé. »

Au micro, Véronique Gadbois, productrice de fraises en serre et en champ et administratrice à l’APFFQ, s’est dite déçue des propos entendus.

Au micro, Véronique Gadbois, productrice de fraises en serre et en champ et administratrice à l’APFFQ, s’est dite déçue des propos entendus. À La Terre, elle a expliqué qu’une cotisation était déjà prélevée par la chambre de coordination et de développement de l’APFFQ aux producteurs qui, comme elle, produisent en champ et en serre. « [L’association] représente le produit de la fraise, hiver ou été, donc les producteurs en serre de fraises vont devoir payer deux associations pour le même produit », a-t-elle déploré. La possibilité d’une cotisation partagée a été discutée entre les deux associations de producteurs, jusqu’au moment où les PSQ se sont rétractés, a expliqué Mme Gadbois.

On est revenus à la case départ, et ça s’est retrouvé entre les mains d’avocats.

Véronique Gadbois, productrice de fraises

En entrevue avec La Terre, le président des PSQ, André Mousseau, a rapporté avoir entendu que le projet qu’il portait mettrait en péril la chambre de coordination de l’APFFQ. « Je les suis depuis longtemps, les producteurs de fraises et framboises, parce que pour moi, ils sont un modèle, mais ils ne parlent jamais de la production en serre, et dans les défis cruciaux, est-ce qu’ils vont les accompagner? » se questionne-t-il. 

Dans une décision rendue le 6 mars dernier, la Régie mentionne que l’existence d’une chambre de coordination et de développement (CCD) consacrée à un produit précis ne constitue pas un obstacle à la création d’une autre chambre, dans la mesure où les activités de chacune sont complémentaires. « [La Régie] comprend également que la CCD consacrée aux fraises et aux framboises vise principalement la promotion et la recherche liées aux produits eux-mêmes, alors que le projet des PSQ apparaît davantage lié aux infrastructures ou aux méthodes de production », mentionne-t-on. 

Rappelons que dans cette décision, la Régie a donné son aval à la première étape de fondation de la chambre de coordination et de développement des producteurs en serres en autorisant les PSQ à représenter le secteur. La deuxième étape, soit la demande de création de la chambre, a été déposée. Toutefois, la demande de révision déposée par l’APFFQ retarde le traitement de cette dernière. 

Lorsque la Régie statuera sur ces demandes respectives, les PSQ travailleront à mettre sur pied un règlement sur les contributions. Une résolution a été adoptée en ce sens le 20 novembre.

Autres résolutions en bref

  • Faire renouveler la Stratégie de développement de la production serricole, qui arrive à échéance en 2025, durant cinq autres années; 
  • Créer un comité de travail permanent avec Hydro-Québec afin d’améliorer la compétitivité des entreprises serricoles;
  • Harmoniser les conditions d’application du système de plafonnement des échanges de droits d’émissions de gaz à effets de serre avec celles de la taxe carbone actuellement en vigueur dans le reste du Canada et obtenir un retour financier direct aux entreprises serricoles pour ne pas nuire à leur compétitivité;
  • Poursuivre les efforts pour former des chefs de culture et de la main-d’œuvre spécialisée;
  • Sécuriser l’accès à la main-d’œuvre en siégeant à divers comités;
  • S’assurer auprès de l’UPA, du ministère de l’Agriculture et de La Financière agricole du Québec que les enveloppes des différents programmes de sécurité du revenu sont suffisantes pour couvrir adéquatement la croissance du secteur serricole;
  • Modifier le programme Agri-Québec Plus afin de supprimer la limite d’intervention basée sur le bénéfice net;
  • Accélérer les démarches pour la mise en place d’un programme d’assurance récolte adapté à la réalité de la production en serre.