Les bleuets sauvages sont abondants, volumineux et de bonne qualité cette saison, au moment des récoltes, grâce aux grandes quantités de pluies reçues et au bon dosage de chaleur. Photo : Gracieuseté de Serge Mailloux
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Malgré quelques nuits de gel observées par endroits durant la période de floraison, la récolte de bleuets sauvages de 2023, qui a commencé avec un peu d’avance en août, s’annonce très abondante. Déjà, des producteurs du Lac-Saint-Jean remarquent des rendements plus forts que ce qu’ils anticipaient en juillet et un bon calibre de fruits qu’ils attribuent aux grandes quantités de pluies reçues et au bon dosage de chaleur.
« Ça fait 18 ans que je récolte des bleuets. À Sainte-Monique, c’est la première fois que je vois autant de bleuets », témoigne Serge Mailloux. Ce dernier cultive de petites quantités de fruits à Albanel et à Saint-Méthode, mais en récolte surtout à forfait pour un autre producteur, Bleuets Fortin et Fils, à Sainte-Monique au Lac-Saint-Jean, et à Longue-Rive, sur la Côte-Nord.
« L’année passée, j’avais ramassé 900 000 livres pour eux, mais je ne serais pas étonné de me rendre à un million de livres cette année », estime l’agriculteur. Il explique que la pluie incessante ne nuit pas aux récoltes, tel qu’observé dans d’autres productions maraîchères au Québec cette année, puisque les bleuets sauvages poussent dans un sol sablonneux qui sèche rapidement.
Mario Bussière, directeur général du transformateur Bleuets Mistassini, dont les fournisseurs produisent à plusieurs endroits au Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord, s’attend aussi à de grands volumes récoltés, même si certaines bleuetières ont été fortement affectées par les gels au printemps, surtout dans le sud du Lac-Saint-Jean.
« On pense que ce sera en haut de la moyenne. L’an dernier, on avait eu l’une des grosses récoltes historiques. Cette année, ce ne sera peut-être pas historique, mais ce sera fort aussi », analyse-t-il.
Bonne qualité
Jean-Pierre Senneville, président du groupe Bleuets sauvages du Québec, relève, de son côté, une bonne qualité de fruits et un bon calibre, en raison de l’eau qui les a fait gonfler. « On a eu beaucoup de pluie et la température n’est pas trop chaude, ce qui fait que la qualité est meilleure. En termes de qualité, ça avait été plus challengeant l’année passée avec les grosses chaleurs en août », remarque-t-il.
La récolte de bleuets sauvages devrait se poursuivre jusqu’à la mi-septembre.
Des prix tirés vers le bas
Pour le président du Syndicat des producteurs de bleuets du Québec, Nicolas Pedneault, l’abondance de fruits est « un couteau à double tranchant », puisqu’elle tire les prix vers le bas. Le prix final versé aux producteurs dans le bleuet conventionnel pour la récolte de 2022, qui a été annoncé le 15 août par les transformateurs, oscillera autour 0,75 $/lb, alors qu’en 2021, il était plutôt de l’ordre de 1,50 $/lb.
Pour la récolte de 2023, le prix de départ versé comme une avance s’élève à 0,35 $/lb, alors qu’il était plutôt de 0,60 $/lb à pareille date l’an dernier. Il pourrait toutefois être revu à la hausse au courant de l’année, selon le contexte de marché.
« On commence avec prudence, avec un prix plus raisonnable. L’effet postpandémie, l’inflation et la potentielle récession en Europe, qui est un très gros client, sont des facteurs qui entrent en ligne de compte et qui rendent le marché incertain », explique Jean-Pierre Senneville.
Le prix final pour la récolte de 2023 sera connu le 15 août 2024.