Ovins 29 janvier 2024

Les Amish, Huttérites et Mennonites friands de la génétique québécoise

L’industrie ovine québécoise séduit non seulement outre-frontières, mais également différentes communautés religieuses traditionalistes présentes au Canada anglais, dont les Amish, les Huttérites et les Mennonites. Plusieurs sont en effet férues de races pures. « Ce sont de très bons acheteurs de génétique. Et quand ils s’intéressent à un sujet, ils vont bider et n’ont pas peur de mettre les sous », explique Cathy Michaud, de la Société des éleveurs de moutons de race pure du Québec, qui a notamment pu voir à l’œuvre les représentants d’une colonie huttérite de Morinville, en Alberta, lors d’encans en ligne. 

L’éleveur Sylvain Blanchette a souvent vendu des animaux aux communautés amish et huttérites de l’Ontario et de la Saskatchewan. Il témoigne de leur vif intérêt en matière de génétique. « J’ai publié dernièrement un post où je présentais deux nouveaux béliers vraiment intéressants et deux minutes après, le gestionnaire d’une des colonies huttérites m’a écrit en insistant pour avoir l’un d’eux! » dit l’éleveur. 

Si dans ce cas, la technologie s’est avérée utile aux affaires, quand il s’agit de transiger avec la communauté amish, c’est plutôt un défi. Comme les Huttérites, les Amish vivent en communauté et s’habillent de manière traditionnelle, mais dans leur cas, l’usage des technologies et du Web est proscrit. « Je fais affaire avec un intermédiaire qui, lui, utilise la technologie pour eux. Il montre les vidéos des animaux, imprime les certificats, et même, vient faire le choix final chez nous », explique M. Blanchette.

Une technologie achetée sans pouvoir l’utiliser soi-même

Il n’y a pas que les animaux de races pures qui intéressent ces communautés; la technologie informatique québécoise aussi! Les fermes mennonites du sud-ouest de l’Ontario ont acheté le logiciel de gestion des troupeaux québécois BerGère. Comme ils ne peuvent l’utiliser eux-mêmes, ils doivent avoir recours à une intermédiaire. « Je vais les voir aux deux à huit semaines, explique Rachel Wanders, qui offre ce service. Je me connecte avec un hotspot [une connexion Internet mobile] – ils n’ont pas accès à Internet – et j’entre les données de chaque animal. » 

C’est son premier client mennonite, Mark Bearinger, de la ferme Fare Vewe Acres, qui a insisté pour utiliser ce logiciel de conception québécoise. « Il utilisait déjà le système de gestion génétique GenOvis et tenait absolument à ce que j’ajoute BerGère, aussi connecté à ce système », explique Rachel Wanders. Pour lui, l’intérêt du logiciel ne fait pas de doute. « C’est le plus facile d’utilisation sur le marché », explique Mark Bearinger.

Pour Mark Beringer, le logiciel québécois BerGère apparaissait comme le plus facile à utiliser sur le marché. Photo : Gracieuseté de la Ferme Fare Vewe Acres 

Rachel travaille avec cinq autres fermes mennonites de la région.  « Certaines me donnent les informations sur papier et je rentre les données moi-même. Mais ce n’est pas un problème. En fait, j’ai beaucoup de facilité à travailler avec eux, raconte celle qui habite le secteur depuis l’enfance. Plusieurs se promènent même en chevaux et carriole. On est habitués de les voir, ça n’étonne personne ici. »