Maraîchers 1 mars 2024

Les épiceries dans la mire des petits producteurs d’ail

La faisabilité de standardiser et de regrouper l’offre de petits producteurs d’ail qui éprouvent des difficultés en matière de mise en marché sera analysée par l’association Ail Québec, dans l’optique que ceux-ci soient plus nombreux à se frayer un chemin vers les tablettes des épiceries. 

« Je pense qu’on est rendus à cette étape-là. Il faut se doter de moyens pour standardiser le produit, pour mieux guider les nouveaux. […] Les grandes bannières veulent du volume, un approvisionnement régulier et uniforme », exprime Sophie Limoges, présidente sortante d’Ail Québec, dans un entretien accordé en marge de l’assemblée générale annuelle de l’association, qui s’est tenue à Drummondville, le 23 février. Celle qui a occupé la fonction de présidente ces huit dernières années cédera bientôt sa place à un successeur qui n’a pas encore été choisi.

De nouveaux producteurs qui cultivent de petites quantités d’ail ont émergé en grand nombre, ces dernières années, souligne-t-elle. Statistique Canada estime d’ailleurs que les superficies totales ensemencées au Québec ont bondi de 375 (152 hectares) à 620 acres (250 hectares), de 2019 à 2020, et qu’elles ont atteint 690 acres (279 hectares) en 2023. 

Or, de nombreuses petites fermes qui commercialisent leur ail à la ferme ou dans les marchés publics peineraient à écouler leurs produits et à entrer dans les épiceries. Un problème qui aurait d’ailleurs été signalé à quelques reprises lors de l’assemblée.

« La mise en marché, c’est vraiment difficile. La vente, c’est la moitié du travail. C’est quasiment une job à temps plein », témoigne Samuel Côté, qui produit de l’ail depuis trois ans à Saint-Hyacinthe, en Montérégie, et dont la superficie de culture fait environ 1,2 hectare. Outre le kiosque à la ferme et les marchés publics, il parvient à commercialiser de petites quantités d’ail dans une succursale des Marchés Tradition du coin, mais ne vit pas de sa production. Il doit occuper un autre emploi à l’extérieur de la ferme. Le producteur estime qu’une offre plus coordonnée et uniforme serait de bon augure pour les producteurs comme lui.

Une charte de qualité

Un membre présent à l’assemblée aurait soulevé l’idée de la mise en commun de l’offre, rapporte Geneviève Dorion Bélisle, responsable de la gestion courante et des services aux membres à l’association.

C’est quelque chose qu’on va regarder, mais ce qu’on a déjà l’intention de faire, c’est un travail de sensibilisation auprès des distributeurs, des chaînes et des consommateurs. On veut promouvoir l’ail du Québec, que le consommateur le demande.

Geneviève Dorion Bélisle, responsable de la gestion courante de l’association Ail Québec

Un plan d’action 2024-2027 allant notamment en ce sens a d’ailleurs été présenté à l’assemblée. L’instauration d’une charte de qualité que les producteurs pourraient suivre et qui répondrait aux attentes et aux besoins des distributeurs, des producteurs et des consommateurs est aussi dans les plans de l’organisation.  

Besoin de formation

Puisqu’on observe un besoin sur ce plan, il est aussi prévu, dans le plan stratégique, d’offrir plus de journées de formation, de conférences et d’occasions de réseautage pour que les membres puissent parfaire leurs connaissances.