L’inventaire des mauvaises herbes en Montérégie

Un premier Grand inventaire des mauvaises herbes a été réalisé au Québec entre 1980 et 1984, dans le cadre d’une collaboration entre le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC).

Néanmoins, les nombreux changements en matière de pratiques agricoles depuis les années 1980, notamment en lien avec le désherbage, tels que l’arrivée de la technologie Roundup Ready dans les années 1990, le développement des populations des mauvaises herbes résistantes aux herbicides et l’impact des changements climatiques, ont potentiellement causé des changements importants dans la distribution, la fréquence et l’abondance des mauvaises herbes au Québec. C’est pour cette raison qu’il était important de faire la mise à jour de ce Grand inventaire des mauvaises herbes dans la province.

Le Grand inventaire des mauvaises herbes de la Montérégie 

Entre 2021 et 2023, le premier volet du nouvel inventaire des mauvaises herbes a été mené en Montérégie. Ce projet a été dirigé par le CÉROM en collaboration avec le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ ainsi que l’Université Laval. Au total, 153 exploitations agricoles ont pris part à cette initiative, couvrant 428 champs cultivés avec 43 types de cultures différentes (production horticole et en grandes cultures).

Dans chacun des champs à l’étude, les mauvaises herbes ont été identifiées et quantifiées autant à l’intérieur du champ que dans les bordures. Cela a permis d’analyser la biodiversité des espèces dans le territoire (bordure) et d’identifier des espèces qui seraient les plus problématiques dans les cultures (champ). L’échantillonnage des bordures permettra également d’étudier les services écologiques offerts par les mauvaises herbes.

Le pissenlit a été l’espèce la plus fréquemment observée en Montérégie Photo : Sandra Flores-Mejia, CÉROM

Les mauvaises herbes de la Montérégie 

Avec un total de 365 espèces différentes répertoriées jusqu’à présent, la région de la Montérégie présente une riche diversité d’espèces de mauvaises herbes. Parmi toutes les mauvaises herbes identifiées (dans le champ et les bordures), les cinq espèces le plus fréquemment retrouvées (en ordre d’importance) sont : le pissenlit (Taraxacum officinale), la vesce jargeau (Vicia cracca), le chénopode blanc (Chenopodium album), la petite herbe à poux (Ambrosia artemisiifolia) et l’asclépiade commune (Asclepias syriaca). 

Les bordures des champs hébergeaient la plus grande diversité de mauvaises herbes avec 345 espèces identifiées. La verge d’or du Canada (Solidago canadensis), le chardon des champs (Cirsium arvense) et le panais sauvage (Pastinaca sativa) étaient les trois espèces les plus fréquemment retrouvées en bordure. 

En comparaison, 222 espèces ont été identifiées à l’intérieur des champs. Les trois espèces les plus fréquemment observées étaient l’échinochloa pied-de-coq (Echinochloa crus-galli), la digitaire sanguine (Digitaria sanguinalis) et la sétaire verte (Setaria viridis). 

De façon générale, les champs de grandes cultures ont démontré une plus grande diversité de mauvaises herbes (144 espèces en moyenne) que les champs de cultures horticoles (63 espèces). Le soya avait quant à lui une plus grande diversité de mauvaises herbes que le maïs-grain, avec 263 et 243 espèces, respectivement.

L’analyse des données est toujours en cours afin d’associer les différentes pratiques agricoles qui pourraient expliquer la fréquence et l’abondance des mauvaises herbes dans les champs agricoles de la Montérégie. Une comparaison avec les données obtenues recueillies lors du Grand inventaire des mauvaises herbes réalisé dans les années 1980 sera également réalisée.

Le chénopode blanc était très abondant, notamment dans le soya et le maïs.Photo : Benjamin Auclair, CÉROM

Le chénopode blanc : une mauvaise herbe à surveiller 

Parmi les cinq espèces les plus fréquemment retrouvées à l’intérieur des champs, le chénopode blanc était la plus abondante avec une densité moyenne, toutes cultures confondues, de 9,7 plants/m2

Dans le soya et le maïs-grain, des densités respectives de 6,6 et 10,1 plants/m2 ont été observées. La littérature rapporte qu’une densité de chénopode de 4 plants/m2 peut causer une perte de rendement de 20 % dans le soya, tandis que la perte de rendement serait de 13 % pour le maïs-grain, avec 2,9 plants/m2. Considérant que cette mauvaise herbe était présente dans 66,6 % des champs de maïs-grain et de soya en Montérégie, il est possible que les pertes de rendement associées à cette espèce soient plus importantes que prévu. En plus, une première population du chénopode blanc provenant de la MRC de Pierre-de-Saurel, en Montérégie, a été confirmée comme étant résistante au glyphosate. Il sera donc nécessaire d’adopter des méthodes de lutte intégrée pour la gestion de cette espèce et d’éviter le développement de la résistance aux herbicides.

Grâce à ce nouveau Grand inventaire des mauvaises herbes, il sera possible d’identifier d’autres espèces de mauvaises herbes qui posent problème dans les champs agricoles de la Montérégie.

L’inventaire dans le Centre-du-Québec

À partir de l’été 2024, l’inventaire des mauvaises herbes se poursuivra dans la région du Centre-du-Québec. Les producteurs de cette région qui souhaitent bénéficier d’un dépistage gratuit peuvent s’inscrire ici : https://tinyurl.com/grand-inventaire-2024.
Il est également possible d’envoyer un courriel à l’adresse [email protected].