Grandes cultures 12 mars 2024

L’art de cultiver autrement même quand on en a grand

SAINT-HYACINTHE – En adoptant le semis direct et en intégrant des engrais verts à ses rotations, le producteur Louis-Éric Trépanier, de Saint-Anicet, en Montérégie, considère qu’il cultive autrement même s’il en a grand. C’est d’ailleurs le titre qu’il a donné à sa conférence prononcée dans le cadre du Rendez-vous végétal, le 13 février à Saint-Hyacinthe. 

Au départ, la motivation de ce bachelier en agroéconomie de pratiquer le semis direct reposait essentiellement sur trois éléments : contrer l’érosion de ses sols, minimiser le temps consacré à l’enlèvement des roches de ses terres, situées sur un coteau rocheux, et conserver l’efficacité de sa petite équipe qui ne compte qu’un employé travaillant aux côtés de sa conjointe et lui. « Notre vision, c’est d’avoir une bonne efficacité du travail, tout en conservant les choses simples », a résumé le copropriétaire de la Ferme Trëma, qui cultive 600 hectares.

À l’époque, l’entreprise familiale se consacrait à la monoculture de maïs qui servait à l’alimentation des bovins. Au fil des ans, elle a commencé peu à peu à cultiver du soya en semis direct pour en venir à l’intégrer dans une rotation avec le maïs. Avec les années, le producteur a toutefois constaté une diminution de rendement du soya, jumelée à un problème de structure de sol. Il a alors effectué d’autres essais, dont l’intégration du blé de printemps. « Ça allait bien du point de vue cultural, mais c’était plus ou moins intéressant au chapitre de mes marges », a indiqué le producteur, qui a alors poursuivi ses tests avant de trouver les bonnes combinaisons.

Le blé d’automne, un pivot

C’est à partir de ses expériences que M. Trépanier a découvert qu’il y avait des prérequis pour obtenir un semis direct efficient. « Le gros cheval de bataille, c’est la compaction. Il faut réduire les passages au maximum et être patient pour attendre les bonnes conditions avant de travailler le sol », souligne-t-il.

Tout au long de ses expériences, il a par ailleurs constaté des points positifs, notamment l’économie d’équipement et sa maintenance ainsi que des économies de carburant et de temps.

Il faut toutefois s’assurer de ne pas réduire sa marge. Il faut aussi trouver des solutions adaptées à ses conditions.

Louis-Éric Trépanier, producteur

Pour illustrer sa pratique, le producteur a précisé la composition de ses champs pour la prochaine saison. Il a comme objectif d’effectuer une rotation 1/3-1/3-1/3 entre le maïs, le soya ainsi que le blé d’automne et les autres céréales de couverture, généralement des pois et du seigle. Pour lui, le blé d’automne est le pivot de sa rotation, notamment grâce à sa propriété d’améliorer la structure du sol. La moyenne de ses récoltes, sur trois ans, a été de 7,4 tonnes par hectare pour le blé d’automne, de 14,1 tonnes pour le maïs et de 4,2 tonnes par hectare pour le soya IP.

Rendements et bénéfices

Le producteur a présenté un tableau affichant les bénéfices de l’intégration du blé et du pois dans ses rotations. Il a ainsi comparé sa rotation de maïs-soya-blé-pois à sa rotation de maïs-soya. On peut constater qu’il a obtenu un bénéfice se situant entre 715 $ et 1 285 $ par hectare. « En tenant compte de tous les avantages du semis direct et des rotations, on s’aperçoit que ça fonctionne », se réjouit Louis-Éric Trépanier.