Grandes cultures 4 avril 2024

L’arme à double tranchant de fournir Quaker en avoine

Avec ses 45 000 tonnes cultivées annuellement, l’avoine continue de dominer la production de grains et de céréales en Abitibi-Témiscamingue, notamment parce que la relative proximité de l’usine de Quaker à Peterborough, en Ontario, permet aux agriculteurs de la région d’économiser sur le transport et d’ainsi obtenir un meilleur prix que ceux qui sont situés ailleurs dans la province. Il s’agit cependant d’un avantage sur lequel miser avec parcimonie, estime le président de la section locale des producteurs de grains, Luc Mayer.  

À son avis, dépendre d’un seul acheteur peut en effet s’avérer risqué, en particulier dans le contexte où la majorité de la production acheminée chez Quaker provient de l’Ouest canadien, évalue-t-il. 

Le gros avantage qu’on a, c’est qu’on est un fournisseur rapide. S’il y a un train qui n’arrive pas ou quoi que ce soit, ils font un téléphone et le lendemain, notre avoine peut déjà être dans leur usine. Mais lorsque Quaker de Peterborough décide qu’il n’en veut pas pendant trois ou quatre mois parce qu’il a assez d’approvisionnement, le prix baisse beaucoup et les intermédiaires doivent se tourner de bord et trouver d’autres marchés.

Luc Mayer

« Prime Quaker »

Il existe d’ailleurs une perception selon laquelle les producteurs de la région recevraient une « prime Quaker » pour cette production. La Financière agricole, intriguée par les écarts de prix obtenus en Abitibi-Témiscamingue comparativement à ceux d’autres régions comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean et le Bas-Saint-Laurent, aurait d’ailleurs fouillé la question, il y a quelques années. 

« [Les gens de la FADQ] m’avaient interrogé pour savoir si, sur nos contrats de vente, il y avait une prime Quaker écrite quelque part. Mais moi et les autres producteurs, on n’a jamais vu ça. On est venus à la conclusion que c’est seulement parce qu’on est plus proches de l’usine. On a un meilleur prix parce que le prix du transport est moins élevé », explique Luc Mayer, précisant qu’il ne vend pas directement à Quaker, mais que la proximité relative de l’entreprise par rapport aux autres régions réduit le nombre d’intermédiaires pour le transport jusqu’à l’usine de Peterborough. Cela fait en sorte qu’il reste plus d’argent dans les poches des producteurs de la région.