Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Les certifications environnementales sont en place depuis des années dans le milieu forestier. Plusieurs usines y adhèrent et des producteurs de bois aussi, mais le mouvement tarde à décoller sérieusement en forêt privée.
L’Association des propriétaires de boisés de la Beauce, qui a mis fin à sa certification environnementale en 2018, n’a pas l’intention de revenir sur sa décision. « On trouvait qu’il n’y avait pas assez de retombées sur l’investissement et les producteurs trouvaient qu’ils ne recevaient pas un montant significatif. Aujourd’hui encore, on ne sent aucun attrait des producteurs pour la certification, alors ce sera difficile de leur vendre ça », dit le directeur des communications, Michel Roy.
Ce dernier mentionne que le nouveau cahier de la norme Forest Stewardship Council (FSC) devenait plus complexe à appliquer. « Pour parler en latin, c’était heavy! », affirme-t-il à propos de certaines exigences, notamment associées aux cours d’eau.
M. Roy souligne aussi que son organisation syndicale n’avait pas de pouvoir coercitif sur ses membres.
Des producteurs certifiés dans deux régions
Deux certifications environnementales spécifiques aux activités forestières et reconnues internationalement coexistent au Québec, soit SFI (Sustainable Forestry Initiative) et FSC. Elles font réaliser des audits sur les lots des producteurs certifiés afin de vérifier leur conformité aux normes. La Gaspésie, avec 4 % des hectares certifiés, et le sud du Québec, avec 160 000 ha, soit 18 % en superficies certifiées, apparaissent comme les deux principales régions où des propriétaires ont emboîté le pas.
En Estrie, André Roy, qui est président du Syndicat des producteurs forestiers du sud du Québec, est lui-même certifié. « Le plus gros gain concerne le programme de remboursement de taxes foncières. Je reçois 3 $ par hectare certifié de crédit chaque année. Avec plus de 170 ha, ça devient très intéressant, surtout pour une région comme la nôtre, où les taxes sont très élevées. » Quelques acheteurs offrent une prime de 1,75 $ la tonne de bois certifié. « Pour un voyage d’une vingtaine de tonnes, ce n’est pas énorme, mais c’est un plus », commente-t-il.
Les coûts annuels de la certification, atteignant de 18 000 $ à 20 000 $, sont payés par le syndicat, et donc par tous les membres, certifiés ou non.
Le producteur certifié doit payer un plan d’aménagement plus complet et plus dispendieux de quelques centaines de dollars afin d’identifier, notamment, les espèces de la faune et la flore à statut précaire. Chaque fois que les vérificateurs viennent dans la région, ils décèlent des non-conformités, dit André Roy. « Mais des non-conformités majeures, nous n’en avons plus. » Un ponceau avec une chute à l’embouchure empêchant les poissons de circuler pouvait représenter une non-conformité majeure, qui devait être corrigée rapidement. La paperasse supplémentaire de la certification est minime pour le producteur, assure-t-il, et peut être acheminée vers un conseiller.
Si près de 130 000 hectares ont été certifiés au départ, le rythme de progression de la certification est plus lent depuis cinq ans dans le secteur couvert par le Syndicat des producteurs forestiers du sud du Québec.
Moins hot qu’il y a 10 ans
« Les certifications environnementales, c’était très hot il y a 10 ans, mais ce l’est moins maintenant », reconnaît Vincent Miville, directeur général de la Fédération des producteurs forestiers du Québec. Les volumes de bois provenant de la forêt publique sont presque entièrement certifiés, fait-il remarquer, mais en forêt privée, peu de producteurs y adhèrent. « Ce qui vient bloquer, c’est souvent une question de cahier de charges, qui est assez important, et le fait que les acheteurs ne rémunèrent pas, sauf exception, la certification. »
Celui qui détient une maîtrise en sciences forestières indique que les normes environnementales ne reculeront pas pour autant et qu’à l’inverse, l’étau de ces normes se resserre graduellement et pourrait s’accélérer. « Si un acheteur arrive et dit qu’il veut que l’ensemble de ses bois provenant de la forêt privée soit certifié, ça changerait rapidement la situation. »