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SAINTE-SOPHIE – Depuis peu, La Ferme Kirk, dans les Laurentides, a ajouté une nouvelle corde à son arc. En plus de la production de bovins de boucherie de race Charolaise et d’une boutique inaugurée il y a un an, le découpage des carcasses est effectué sur place depuis la mi-septembre par Vincent Blondin, le copropriétaire de la ferme. Considérant que le parcours scolaire qui lui a permis d’en arriver là a été parsemé d’embûches, ce dernier est particulièrement fier de cet accomplissement.
Coiffé d’un filet et vêtu d’un sarrau, Vincent Blondin entre dans la nouvelle salle de découpe. En sortant une carcasse du frigo, le grand gaillard de
6 pieds 2 pouces revient sans gêne sur les nombreux échecs scolaires qu’il a vécus avant d’obtenir son diplôme d’agronome. « Je l’assume complètement. Ce n’est pas glorieux comme agronome de dire que j’ai coulé des cours, mais pour être 100 % franc, je n’aimais pas l’école », dit-il.
Au secondaire, à Sainte-Sophie, sur 1 200 étudiants, il était le seul dont la famille possédait une ferme. « Quand je suis arrivé à l’ITA [Institut de technologie agroalimentaire] et que ça parlait de problèmes de vêlage à la cafétéria la première journée, je me suis dit : “OK, ça là, c’est ma place.” »
Il a d’abord fait une technique en Gestion et technologies d’entreprise agricole à l’ITA de Saint-Hyacinthe et a frappé un mur lorsqu’il est arrivé à l’Université Laval pour poursuivre son DEC-BAC en agronomie. Même s’il étudiait ardemment, il obtenait 30 % de moyenne dans certains cours.
Il s’est donc inscrit au certificat en productions animales de l’Université Laval, et est parvenu à passer tous les cours préalablement échoués, puis à réintégrer le programme d’agronomie et à obtenir son diplôme universitaire. Il faut dire qu’un trouble du déficit de l’attention lui a été diagnostiqué à
19 ans. Cela lui a permis de bénéficier d’un délai supplémentaire aux examens ainsi que des services de preneurs de notes et l’a incité à suivre quatre cours par session au lieu de cinq.
Sur les traces de sa grand-mère paternelle
Par la suite, Vincent a décroché un diplôme d’études professionnelles en boucherie à l’École hôtelière de Lanaudière pour réaliser un rêve de jeunesse : suivre les traces de sa grand-mère paternelle, qui était elle-même bouchère. « On a toujours eu une petite ferme de
50 vaches à bœuf et il fallait trouver une solution pour en vivre », dit-il. L’idée de faire sa propre mise en marché plutôt que de vendre ses veaux d’embouche à l’encan a émergé quand il était à l’université. Les démarches ont été entamées en 2019. En fait, la commercialisation des boîtes de viande des bouvillons de la ferme a commencé trois semaines avant que la pandémie ne frappe, ce qui a été profitable à l’entreprise.
Aujourd’hui, la viande est découpée et vendue à la boutique exclusivement. À 27 ans, Vincent Blondin travaille à temps plein à la ferme, et offre ses services d’agronome à temps partiel.
« Ce que la boucherie m’a apporté, c’est vraiment les connaissances de la carcasse et comment l’optimiser pour aller chercher le plus d’argent possible », précise-t-il en calculant un gain de 200 à 300 $ par carcasse. « On va aussi chercher une clientèle qui cherche des pièces spécialisées qui ne se trouvent pas ailleurs comme la picanha [une coupe d’origine brésilienne avec une épaisse couche de gras comme sur un magret de canard] ou la macreuse [la partie la plus tendre des rôtis de palette] », renchérit sa conjointe, Josiane Prince, également agronome.
Bien qu’il utilise peu d’intrants, Vincent Blondin constate que cette diversification de produits lui a permis d’absorber la hausse des coûts des dernières années à la ferme et de ne pas augmenter le prix des pièces de viande vendues à la boutique.