Ma famille agricole 29 décembre 2023

Une passion contagieuse

SHERRINGTON — La passion de la culture maraîchère se transmet dans la famille Leclair depuis les années 1800. Les générations actuelles tirent des leçons de ce riche passé pour continuer de bâtir leur propre avenir avec optimisme. Histoire d’une réussite basée sur le flair et la patience.

Son diplôme collégial fraîchement en poche, Gabriel Leclair a soumis une idée à son père et à sa tante, copropriétaires de l’entreprise familiale : ajouter des melons d’eau aux traditionnelles productions de carottes, de radis, de betteraves, d’oignons verts et de fines herbes.

Ouverts aux nouvelles idées, Jocelyn et Diane Leclair ont accepté le projet avec les risques financiers inhérents. « Jamais je n’aurais eu cette latitude-là ailleurs », admet le jeune homme, heureux de l’expérience même si elle s’est avérée un échec commercial. 

Cette force de caractère est de nature à plaire à son grand-père Maurice. « Il ne faut pas avoir peur de l’échec », affirme l’homme de 78 ans, toujours actif dans l’entreprise.

Si tu crains de faire des erreurs, tu finis par faire une dépression. Il faut savoir continuer à aller de l’avant.

Maurice Leclerc

Le père de Gabriel abonde dans le même sens : la résilience fait partie des valeurs de la famille. « Cette capacité de se relever, même après avoir perdu 20 acres de récolte [en raison de mauvaises conditions météorologiques], on l’a apprise de notre père », dit Jocelyn.

« Un échec, c’est une occasion d’apprendre. C’est ce qu’on nous a enseigné », confirme Diane.

Gabriel reconnaît sa chance de grandir au sein d’une famille inspirante, tissée serrée et solidaire dans les projets de chacun. « Nous lui faisons confiance pour qu’il nous amène plus loin », mentionne le grand-père.

À l’avant-garde

La famille Leclair cultive des légumes à Saint-Patrice-de-Sherrington, en Montérégie, depuis maintenant six générations. Maurice Leclair a fondé les Fermes Leclair en 1971 avec ses frères André et Ernest.

« Nous cultivions des patates, des carottes, des choux et de l’ail que nous allions vendre au marché Bonsecours de Montréal et au marché de Saint-Jean-sur-Richelieu », se remémore-t-il.

Curieux et fonceur, Maurice Leclair a cependant rapidement diversifié sa production avec l’essai de nouveaux légumes et d’emballages pratiques pour les consommateurs. « Nous cultivions déjà des mini-carottes à l’époque. Nous appelions ça des carottes cocktail. »

L’agriculteur avant-gardiste a su aussi saisir rapidement la popularité grandissante des radis cello dans les supermarchés. Il a donc bâti ses propres machines de lavage et de triage pour pouvoir faire l’emballage à la ferme. 

« C’est le résultat de plusieurs nuits blanches à réfléchir à toutes les étapes de production, des semis jusqu’à l’emballage. Mais c’est pourquoi on aime ce qu’on fait », dit celui qui a également construit lui-même ses lignes de lavage d’oignons verts, de coriandres et de carottes feuilles. 

Les Fermes Leclair se spécialisent dans la culture de huit légumes et fines herbes, notamment la coriandre, les carottes nantaises, les radis et les carottes feuilles. Photo : André Laroche

Passion 

Cet amour du métier ne pouvait qu’être contagieux. « Toute petite, je voulais déjà reprendre la ferme et travailler à sa croissance », confirme Diane, qui a grandi dans les champs avant de faire des études en gestion et exploitation d’entreprises agricoles.

« Je ne me voyais pas faire autre chose. Travailler à la ferme était naturel pour moi », confie également Jocelyn, diplômé en horticulture écologique. 

L’occasion ne s’est pas fait attendre. À un âge où l’on rêve d’acheter sa première voiture, la sœur et le frère sont devenus actionnaires de l’entreprise. Comme le veut la tradition familiale, ils ont rapidement fait leur marque par le défrichage de terres et la mise en place d’une nouvelle production. 

Aujourd’hui, le duo est à la tête d’une entreprise de quelque 150 employés qui distribue ses productions sur le marché canadien et à l’international. Malgré les longues journées épuisantes, les deux agriculteurs ressentent encore la passion de leur jeunesse.

« On est déjà excités à l’idée de ce qu’on veut faire le printemps prochain », confie Jocelyn.

Cette ébullition constante de la ferme plaît toujours à son fondateur. « C’est pour ça que je suis encore là », confie-t-il en jetant un regard fier sur ses enfants et son petit-fils.  

Fait maison

La philosophie de Maurice Leclair est claire : si quelqu’un a déjà conçu un appareil, il est possible de le fabriquer soi-même à moindre coût et mieux adapté à ses besoins. Il a donc perfectionné son propre classeur à radis avant d’appliquer le même principe à un classeur de carottes et de betteraves. « Les classeurs à radis disponibles sur le marché n’étaient pas capables de trier des radis d’un demi-pouce jusqu’à trois pouces et un quart. Je me suis donné le défi d’en fabriquer un à ma manière », raconte le bricoleur. Son prochain projet est un tracteur autonome, guidé par GPS, pour la récolte de radis. 

Bricoleur exemplaire, Maurice Leclair a conçu différentes machines dans sa ferme, notamment un classeur de carottes et de betteraves. Photo : André Laroche

3 conseils pour… assurer une bonne gestion

Déléguer

Apprendre à faire confiance à ses employés est essentiel dans une ferme d’envergure, croit Jocelyn Leclair. « Pour réussir à mener de front huit productions différentes, il faut savoir bien s’entourer et ne pas craindre de déléguer les tâches et les responsabilités aux employés qui font les semis, l’arrosage, le dépistage et la récolte. Nous, nous sommes là pour gérer. »

Foncer

Lancer de nouveaux projets fait grandir l’entreprise, à condition de ne pas craindre l’échec, affirme Diane Leclair. « Il faut quatre ans pour savoir si on se casse les dents ou si on passe à travers, deux ans pour installer la production et deux ans pour rentabiliser l’opération », ajoute son frère Jocelyn.

S’amuser

« L’agriculture est un métier exigeant. Les semaines sont longues et les résultats ne sont pas toujours satisfaisants. Si tu n’as pas de plaisir, ne le fais pas », déclare Jocelyn, la tête toujours pleine de projets. « Nous sommes au milieu de l’automne et, déjà, nous ressentons la fièvre du printemps. Nous sommes excités à l’idée de ce que nous allons faire pousser. »

La famille Leclair s’est équipée de lignes de lavage, de triage et d’emballage pour ses différentes productions. Photo : André Laroche
Fiche technique
Nom de la ferme :

Fermes Leclair

Spécialité :

Culture maraîchère

Année de fondation :

1971

Noms des propriétaires :

Maurice, Diane et Jocelyn Leclair

Nombre de générations :

3

Superficie en culture :

950 acres (384 hectares)

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