Ma famille agricole 15 novembre 2023

Une histoire de succès basée sur l’entraide

SAINT-CYPRIEN-DE-NAPIERVILLE – Grande gagnante du concours de l’Ordre national du mérite agricole 2023, avec le premier rang national de la catégorie or, l’entreprise Les Fermes Hotte et Van Winden, de Saint-Cyprien-de-Napierville, en Montérégie, doit une partie de son succès à ses valeurs de collaboration et d’entraide, une tradition perpétuée par ses fondateurs.

Les Fermes Hotte et Van Winden, entreprise spécialisée en production maraîchère située à Saint-Cyprien-de-Napierville, en Montérégie, tire une partie de son histoire d’événements qui se sont déroulés lors de la Deuxième Guerre mondiale, raconte Jean-Bernard Van Winden, cofondateur de la ferme avec son ami Yvan Hotte.

« Mon père est né en Hollande en 1924, mentionne le producteur. Dans les années 40, le pays a été bombardé par l’Allemagne, et mon père, alors âgé de 16 ans, s’est retrouvé prisonnier et forcé à travailler dans une usine d’armement pendant trois ou quatre ans. En 1944, il s’est évadé et a réussi à revenir en Hollande. Les terres avaient été bombardées et tout était à reconstruire là-bas. Il était le cinquième de sa famille et ses frères avaient pris la relève de la ferme de son père, qui cultivait des terres noires. C’était difficile pour lui, et son grand rêve était d’être à son propre compte, alors il a décidé d’émigrer au Canada en 1949. C’est ici qu’il a rencontré ma mère, à l’école d’agriculture qu’ils fréquentaient, puis en 1952, ils ont acheté une terre. »

Une génération plus tard

Jean-Bernard Van Winden souligne qu’à la fin de ses études en agronomie, ses deux frères avaient déjà pris la relève à la ferme de leur père. Comment allait-il pouvoir devenir propriétaire à son tour? « Une occasion s’est présentée à moi quand une terre de Saint-Cyprien-de-Napierville s’est retrouvée à vendre. Un de mes copains d’enfance, Yvan Hotte, était aussi intéressé à devenir entrepreneur et à s’acheter une terre. C’est comme ça qu’en 1979, on a acheté 100 acres de terre ensemble. Nos deux épouses travaillaient avec nous à la ferme, et donc en 1984, on a décidé de former une compagnie à quatre actionnaires, avec 25 % des parts chacun », poursuit M. Van Winden.

Au cœur des valeurs de l’entreprise et des deux familles qui composent Les Fermes Hotte et Van Winden se trouvent la solidarité et l’entraide. « Ça vient de nos parents. L’esprit européen est un peu différent, plus communautaire. Mes parents avaient fondé une coopérative de producteurs d’oignons. Ça nous a influencés et on le perpétue aujourd’hui », dit le producteur.

Les oignons comptent parmi les principales cultures de la ferme maraîchère. Photo : Gracieuseté des Fermes Hotte et Van Winden

À partir des années 2000, Marc-André et Martin, fils de Jean-Bernard et de Lucille Lessard Van Winden, ainsi que Marc-Oliver et Laurent, fils d’Yvan et Nicole Guérin Hotte, se sont lancés dans l’aventure et sont devenus actionnaires, chacun jouant le rôle qui sied le mieux à ses talents et à son caractère. « On y va par goûts naturels. Tout le monde a des responsabilités égales », explique Jean-Bernard Van Winden. Ainsi, les deux familles se partagent les tâches relevant de la production, de l’administration, de la gestion des ressources humaines et de la distribution.

L’entreprise est maintenant gérée par huit actionnaires, issus des deux générations. Durant l’été, 90 employés s’ajoutent à l’équipe, dont 70 travailleurs étrangers. Même s’ils se retirent tranquillement en léguant certaines de leurs tâches, les deux fondateurs et leurs épouses demeurent impliqués dans la ferme. En tant qu’agronome, Jean-Bernard Van Winden garde un œil sur la fertilisation, en tentant de limiter ­l’utilisation de pesticides.

À l’intérieur des cinq serres, et sur les 650 acres (242 hectares) de terre, l’équipe des Fermes Hotte et Van Winden cultive laitue, oignon jaune et oignons divers, céleri-rave, courge, chou nappa, bok choy, et rhubarbe, selon les normes phytosanitaires les plus élevées. 

Le travail en équipe et la collaboration étant au cœur de leur succès, ils appliquent cette philosophie à toutes les étapes de la production. Ainsi, convaincus que l’union fait la force, les actionnaires confient la distribution de tous leurs légumes à différents regroupements de producteurs. Certains légumes, comme le chou nappa et le bok choy, se rendent jusqu’à New York, où ils sont très recherchés.

« Même dans la mise en marché, on essaie d’innover. En travaillant en groupe, on peut partager des unités d’entreposage et d’emballage, ce qui nous permet d’être plus performants », affirme M. Van Winden.  

Marc-André Van Winden et Marc-Olivier Hotte incarnent la relève des Fermes Hotte et Van Winden avec leurs frères. Photo : Éric Labonté, MAPAQ

Équipement techno

Les Fermes Hotte et Van Winden se sont équipées d’un robot pulvérisateur optique. « La pression des mauvaises herbes est énorme, et il faut trouver des moyens pour diminuer cette pression-là, ainsi que les frais de sarclage au champ. L’année passée, on s’est équipés d’un pulvérisateur optique qu’on installe derrière le tracteur, un robot qui pulvérise localement. Avec ça, on peut arroser toutes les herbes indésirables, par exemple le chou gras, sans ­arroser les oignons à côté. C’est une nouvelle technique qui coûte assez cher, mais qui permet d’engager de la main-d’œuvre de moins », décrit Jean-Bernard Van Winden. 

Photo : Gracieuseté des Fermes Hotte et Van Winden

5 conseils pour avoir du succès dans son entreprise

Mettre ses forces en commun

Partager des équipements et mettre ses ressources en commun permet de faire des économies de temps et d’argent.

Porter attention à la gestion des ressources humaines

« Des travailleurs qui reviennent chaque année, c’est une expertise qu’on conserve. On n’a pas besoin de leur montrer quoi faire. Ça fait une différence », estime Jean-Bernard Van Winden.

Être ouvert à l’innovation

L’entrepreneur recommande d’avoir l’esprit ouvert et de guetter toutes les occasions d’innover. Les robots, par exemple, peuvent faire économiser beaucoup d’argent.

Connaître ses sols

Les Fermes Hotte et Van Winden participent à un projet sur le drainage des sols, avec l’Université Laval. Cette collaboration leur permet d’être au courant des plus récentes avancées scientifiques à ce sujet.

Demeurer à l’affût des changements climatiques

Jean-Bernard Van Winden est préoccupé par l’avenir, surtout concernant les changements climatiques. « On est capables de s’adapter aux variations de chaleur, mais les excès de pluie comme il y a eu cette année, ça va demander beaucoup de changements. »

C’est important d’investir dans le logement des travailleurs et de les accompagner chez le docteur quand ils en ont besoin. Avec autour de 65 travailleurs sur 70 qui souhaitent revenir d’une année à l’autre, je pense qu’ils sont bien avec nous. 

Jean-Bernard Van Winden
Fiche technique
Nom de la ferme :

Les Fermes Hotte et Van Winden

Spécialité :

Production maraîchère

Année de fondation :

1979

Nombre de générations :

2

Noms des propriétaires :

Yvan Hotte, Nicole Guérin Hotte, Laurent Hotte, Marc-Olivier Hotte, Jean-Bernard Van Winden, Lucille Lessard Van Winden, Martin Van Winden et Marc-André Van Winden


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