Une histoire d’amour couplée au rêve d’avoir une ferme

L’ISLET – L’histoire de Lawrence Boucher-Brière et Jean-Sébastien Gamache pourrait sortir tout droit d’un épisode de L’amour est dans le pré. À la recherche du grand amour, elle découvre sur l’application de rencontre Tinder ce jeune gestionnaire de troupeau laitier qui rêve, sans trop y croire, d’avoir une ferme bien à lui. Trois ans après leur rencontre, ils ont uni leurs destinées le 22 octobre et ont concrétisé leur souhait de devenir agriculteurs trois semaines plus tard.

Mon grand-père m’avait toujours dit : ‘‘Rencontre donc un agriculteur!’’

Lawrence Boucher-Brière

Assise à la table de la cuisine, Lawrence Boucher-Brière sourit en disant que c’est d’abord la photo d’un cheval que Jean-Sébastien Gamache avait partagée sur son profil Tinder qui a attiré son attention. Native de Shawinigan, elle a eu son premier cheval à 12 ans. Le fait qu’il travaille en agriculture était loin de lui déplaire. Le courant a passé entre eux et elle est allée le rejoindre en Beauce, où ils ont habité jusqu’en 2022.

Petit recul dans le temps. En 2014, Jean-Sébastien quitte l’emploi de concepteur en mécanique du bâtiment qu’il occupe depuis deux ans au sein d’une firme de Québec pour devenir ouvrier agricole à la ferme Valérien Gagné, à Saint-Elzéar, dans Chaudière-Appalaches. En 2017, il devient gestionnaire de troupeau laitier pour la Ferme Miralys, à Saint-Bernard. « Avant d’être travailleur agricole à temps plein, j’allais aussi donner un coup de main une fin de semaine sur deux dans une ferme laitière de la région de Lévis », raconte-t-il.

Bachelière en administration des affaires, dans le volet entrepreneuriat et management innovateur, Lawrence travaille alors dans le secteur administratif tout en demeurant convaincue qu’elle aurait un jour une entreprise.  

C’est une photo de cheval sur le profil de son futur époux qui a attiré l’attention de Lawrence à l’époque. Photo : Maurice Gagnon

Non apparenté

Jean-Sébastien était animé du désir de vivre de l’agriculture depuis longtemps. Il projetait même d’acquérir des parts de la ferme où il travaillait. Un élément l’empêchait toutefois de croire qu’il pourrait avoir sa propre entreprise : il n’était aucunement apparenté à une famille d’agriculteurs, et Lawrence non plus. Il aura fallu la détermination à toute épreuve de celle-ci pour le convaincre que c’était possible. « J’ai dit à mon conjoint : ‘‘T’en veux une, une ferme, ou t’en veux pas ?’’ » se remémore la jeune femme aux ­cheveux de jais. Il a dit oui… 

À partir de ce moment, les planètes se sont alignées pour le couple. « Grâce à du bouche-à-oreille, on a connu Édouard [Bélanger]. Lui était prêt à vendre sa ferme et nous, on était prêts à acheter », raconte Lawrence. Comble de bonheur, l’entreprise laitière était située à L’Islet, d’où Jean-Sébastien est originaire. Nouveau clin d’œil de Cupidon : elle se trouvait sur le chemin des Belles-Amours, ce qui a d’ailleurs inspiré le nom de la ferme.

Malgré l’absence de lien familial entre le vendeur et les acheteurs, le transfert s’est fait rapidement. « On a signé l’offre d’achat en avril 2022 et on a passé le contrat de vente le 14 novembre », mentionne l’agricultrice. Les bâtiments de ferme, le troupeau et la machinerie ont fait partie de la transaction. Autre coïncidence incroyable : même si M. Bélanger souhaitait conserver sa maison, il y en avait une à vendre juste en face de la ferme. 

Embûches administratives

L’histoire de Lawrence et Jean-Sébastien n’est pas pour autant un conte de fées. Le couple a dû faire preuve de ténacité pour rédiger le plan d’affaires et trouver le financement en dépit de la lourdeur des différents processus administratifs. Ils n’ont reçu aucune autre aide financière que les 20 000 $ du Programme d’appui financier à la relève agricole de La Financière agricole du Québec.

« C’est grâce à un prêt bancaire, à la qualité de notre plan d’affaires, mais surtout parce que le directeur de compte agricole et le cédant croyaient vraiment en nous que nous avons pu réaliser notre rêve », souligne la productrice. 

Pour assurer un revenu stable au couple, Lawrence a dû conserver son emploi externe de conseillère en ­gestion. Il existe des enjeux majeurs, dit-elle, et ce, peu importe le type de transfert. 

L’entreprise produit 53 kilos de quota par jour. Le troupeau compte 69 têtes de race Holstein, dont 42 vaches en lactation. « J’ai appris à devenir agriculteur sur le tas », affirme Jean-Sébastien, qui peut aussi compter sur les conseils et l’aide de l’ancien propriétaire. Les nouveaux producteurs souhaitent que leur entreprise croisse. Ils devront éventuellement apporter des améliorations aux bâtiments et accroître le quota. En plus d’être déterminée, Lawrence est aussi prudente en affaires, et cette croissance se fera de façon sage et raisonnée, assure-t-elle.  

Le bon coup de l’entreprise

La ferme Belles-Amours Holstein étant très jeune, son meilleur coup a été de voir le jour avec deux propriétaires qui n’avaient à l’origine aucun lien avec l’agriculture, mais qui, avec un peu de chance et beaucoup de détermination, ont pu réaliser leur rêve respectif; elle, celui de devenir entrepreneure et lui, celui d’avoir une ferme. Entouré des bonnes personnes, le jeune couple a réussi à structurer le financement nécessaire à l’achat de la ferme laitière en dépit des embûches et du fait que le vendeur était non apparenté. « Pour nous, un non n’a jamais été une réponse », lance Lawrence. 

Le couple souhaite accroître son troupeau au fil des ans. Photo : Maurice Gagnon

3 conseils pour réussir un transfert non apparenté

S’entourer de mentors

N’ayant ni l’un ni l’autre étudié en agriculture, Lawrence et Jean-Sébastien se sont entourés de mentors qui occupent toujours une place importante dans leur vie. Il s’agit de René Gagné et de Pascale Chabot, de la Ferme Plaisir Holstein Valérien Gagné, à Saint-Elzéar, ainsi que de Régis Berthiaume, de la Ferme Miralys, et de Marc-André Chabot, de la ferme Gilbert Chabot 304, tous deux de Saint-Bernard. Le couple tient aussi à souligner la présence de l’ancien propriétaire, Édouard Bélanger, qui offre quotidiennement son appui et ses précieux conseils.

Établir et suivre un plan d’affaires

Un bon plan d’affaires est à la base de la réussite de l’entreprise, insiste Lawrence. Il faut non seulement l’établir avec soin, mais aussi le suivre, quitte à le réviser au besoin.

Faire preuve de détermination

Inévitablement, l’acquisition d’une ferme, encore plus quand on n’est pas apparenté avec le vendeur, comportera des embûches. Si on se laisse décourager au premier obstacle ou au premier refus, ça ne pourra pas fonctionner. Une détermination à toute épreuve est l’ingrédient de base.

Les propriétaires des fermes où Jean-Sébastien a travaillé dans le passé sont devenus des mentors. Photo : Maurice Gagnon
Fiche technique 🐮
Nom de la ferme :

Ferme Belles-Amours Holstein

Spécialité :

Lait

Année de fondation :

2022

Noms des propriétaires :

Lawrence Boucher-Brière et Jean-Sébastien Gamache

Nombre de générations :

1

Superficie en culture :

170 acres sur 200 (68 hectares sur 80)

Cheptel :

69 vaches Holstein


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