Ma famille agricole 1 décembre 2023

Une ferme florissante au fil des générations

SAINT-LIN–LAURENTIDES — Cela fait 40 ans que la famille Bastien cultive en serres ainsi qu’en champ sur les terres que Pierre Bastien et Sylvie Plante-Bastien ont achetées en 1983. Aujourd’hui, leurs enfants, Élyse et Jérémie, ainsi que la conjointe de ce dernier, Natasha, ont racheté l’entreprise et assurent la pérennité de la ferme.

À quelques pas de la maison natale de Wilfrid Laurier, premier francophone à avoir occupé le poste de premier ministre du Canada, se trouve la Ferme Bastien. Alors que les ­fondateurs continuent de travailler au sein de l’entreprise, leurs enfants ont repris les rênes il y a quelques années.

Tout a commencé au début des années 1980. Pierre Bastien, issu d’une lignée d’agriculteurs ayant cultivé des terres lavalloises, a décidé de s’installer avec sa femme, Sylvie Plante-Bastien, à Saint-Lin–Laurentides. Le couple a ainsi acheté une terre, alors que son aîné, Jérémie, n’avait pas encore deux ans.

Des débuts difficiles

« On a acheté au départ seulement 10 arpents où il n’y avait rien du tout, aucun bâtiment. Le gars du MAPAQ [ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec] qui s’est occupé de notre emprunt n’avait pas tellement confiance en nous », indique Pierre. Sylvie souligne que cinq serres ont été construites à l’époque pour commencer. « La première année, ce fut terrible! lance-t-elle. On a eu des maladies dans le concombre et nos serres se sont effondrées en raison de la neige. Ce fut tout un hiver, cette année-là! » 

Malgré les appréhensions du père de Pierre Bastien, qui leur prédisait plusieurs années de disette, les jeunes agriculteurs ont tout de même réussi à tenir le coup. C’est lors des balbutiements d’Élyse, née à la ferme, que le couple a fait le choix de se lancer dans la culture de fleurs, délaissant progressivement la production de concombres en serre.

Ils estiment que cela s’est avéré une bonne décision, puisque l’entreprise est florissante. « Certaines années, on peine à fournir à la demande », indique Sylvie. La ferme fournit des fleuristes, des pépinières, des particuliers, ainsi que des municipalités, qui ont recours à leurs produits pour agrémenter leurs espaces publics.

En plus des fleurs, la famille Bastien vend sa production maraîchère à la Place des producteurs, à Montréal, notamment. Photo : Gracieuseté de la famille Bastien

Une évolution constante

Alors que les Bastien n’ont d’autre choix aujourd’hui que de faire appel à des travailleurs étrangers, le patriarche explique qu’il n’en a pas toujours été ainsi. « Avant, on avait les amis de Jérémie qui venaient travailler à la ferme. Tous les étés, on avait une dizaine de jeunes qui avaient un job assuré et qui voulaient travailler. Après les amis de Jérémie, ce fut le tour de ceux d’Élyse », raconte le cofondateur de la ferme. Il se réjouit toutefois de la présence des employés guatémaltèques, sans qui la production serait aujourd’hui en péril.

Continuant d’apporter leur aide à la ferme, Pierre et Sylvie ne cachent pas leur fierté que leurs enfants, ainsi que Natasha, la conjointe de Jérémie, aient repris l’entreprise.

Depuis que les enfants ont pris la relève, notre quantité de culture de champ a triplé. Ils ont du gaz! Ils ont été chercher de nouveaux clients. Avant, on cueillait entre 200 et 300 boîtes par jour, maintenant c’est parfois 600!

Pierre Bastien

Comme c’est le cas pour plusieurs enfants d’agriculteurs, le frère et la sœur ont fait un petit détour avant de revenir aux sources. Élyse a d’abord été technicienne en éducation spécialisée auprès d’élèves présentant un trouble du spectre de l’autisme. Sa belle-sœur Natasha a travaillé pendant plusieurs années à l’administration d’un hôpital vétérinaire. Quant à Jérémie, il n’a jamais vraiment quitté le domaine des fleurs, alors qu’il a dirigé pendant 15 ans sa propre entreprise de paysagement. 

« Les enfants ont toujours travaillé à la ferme. Élyse venait nous aider pendant l’été et Jérémie travaillait pendant l’hiver », explique Pierre Bastien.

Aujourd’hui, les petits-enfants de Pierre et de Sylvie apportent parfois leur aide. Les quatre garçons, âgés de 7 à 11 ans, semblent toutefois préférer jouer au hockey dans les serres ou se promener à vélo sur la terre ­plutôt que de faire des semis.  

Au printemps, Natasha Kisiel accueille les clients dans les serres. Photo : Gracieuseté de la famille Bastien

Fait maison

La famille Bastien possède une multitude d’outils faits maison. En effet, aux dires de Pierre et de Sylvie, tout sur leur terre a été construit de leurs mains, et ils n’hésitent pas à fabriquer un outil qui pourra servir leur production, mais ce dont ils sont particulièrement fiers, c’est leur table de béton destinée à la production de boutures. « Nous avons créé une table chauffante en béton dans laquelle nous avons simplement intégré des fils chauffants », explique Jérémie. « Avant, lorsque nous faisions nos boutures directement sur le sol, la chaleur n’était pas uniforme et la tâche était très salissante. Désormais, la production des boutures est nettement plus facile. Lorsque notre agronome est venu pour la première fois pour effectuer des mesures et analyser les résultats, nous avons constaté que la température des plants était tout à fait uniforme. De plus, le processus nous prend maintenant une semaine de moins », ajoute Élyse. 

Cette table de béton permet d’uniformiser la chaleur que reçoivent les végétaux. Photo : Simon Martel

Le bon coup de l’entreprise

Avec l’engouement croissant pour le jardinage depuis la pandémie, les Bastien ont repensé l’aménagement de leurs serres pour offrir un accès plus facile au public et améliorer leur expérience d’achat. Désormais, deux serres sont connectées par un tunnel, donnant ainsi aux clients l’impression que la salle d’exposition est beaucoup plus grande. Cette modification facilite également le travail des agriculteurs pendant la saison froide en leur évitant d’avoir à sortir à l’extérieur par temps froid. De plus, du ciment a été coulé au sol pour faciliter la circulation des clients dans les serres. Enfin, des portes coulissantes ont été installées, ce qui rend l’accès plus fluide. 

L’aménagement des serres a été remodélisé pour faciliter l’expérience client et le travail des Bastien. Photo : Simon Martel
Fiche technique 💐
Nom de la ferme :

Ferme Bastien

Spécialités :

Floriculture et production maraîchère (brocoli, chou-fleur, courge)

Année de fondation :

1983

Noms des propriétaires :

Jérémie Bastien, Élyse Bastien et Natasha Kisiel

Nombre de générations :

2

Superficie en culture :

100 000 pi2 de production en serre et 57 hectares de culture aux champs

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