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QUÉBEC – Les 29 membres de la famille Lafond ont roulé pendant 1 000 kilomètres pour venir chercher leur prix de Famille agricole de l’année à Québec, et ce n’est ni la distance ni la neige qui aurait pu freiner ces coriaces habitants du Témiscamingue, sauf peut-être les derniers 10 mètres pour se rendre sur la scène sous les applaudissements chaleureux de 800 personnes.
« La foule, wow, les gens nous regardaient avec une ambiance extrêmement chaleureuse et je sentais qu’ils partageaient vraiment notre fierté. Ça fait des moments uniques dans une vie. Et nos parents nous ont tellement impressionnés, pour des gens qui ne voulaient pas trop monter sur l’estrade, leur présentation était drôle avec de la suite dans les idées. Et ma mère qui dit qu’au Témiscamingue, il n’y a pas de roches dans les champs, je pense que ça va devenir un running gag! » a confié Édith Lafond à La Terre, dans les minutes qui ont suivi la remise du prix, le soir du 4 décembre.
L’histoire des Lafond a commencé en 1969 avec Diane Allen et Damien Lafond, qui ont acquis une ferme en mauvais état comptant 13 vaches Ayrshire, 5 kilos de quotas et 32 hectares de terre à Saint-Bruno-de-Guigues. Sans grande fortune en poche, ces producteurs ont travaillé comme des acharnés, coupant leur propre bois pour construire des bâtiments, faisant croître le cheptel et élevant leurs cinq enfants.
Près d’un demi-siècle plus tard, la ferme a donné naissance à quatre entreprises laitières familiales totalisant 388 kilos et 1 011 hectares de terre en culture. De fait, quatre enfants sur cinq possèdent aujourd’hui leur propre ferme et sont engagés dans le syndicalisme ou la politique municipale, comme l’étaient leurs parents.
Mais tout cela a failli ne jamais exister.
L’épreuve
L’entreprise est passée bien près de disparaître en 1980. « Mon père manipulait des billots et des madriers très lourds pour construire la grange et il s’est blessé sérieusement au dos. Il a été obligé d’être hospitalisé pendant trois semaines et mis à l’arrêt pendant six mois. Même aujourd’hui, il doit faire attention », rapporte Édith.
Sauf qu’à l’époque, avec le père de famille à l’arrêt pendant six mois, cinq enfants à nourrir, des bêtes et des cultures à s’occuper, la rumeur au village circulait que leur entreprise n’allait pas poursuivre ses activités. Des gens se sont même présentés pour acheter la ferme, mais se sont fait « revirer de bord » par Diane, qui avait pris les choses en main pendant la convalescence de Damien, incluant les travaux aux champs. Les enfants aussi ont aidé davantage à la ferme. Une victoire sur une épreuve de la vie qui a tracé la voie pour la suite.
Quatre fermes
Les enfants ont été amenés en forêt pour apprendre à scier et à bâtir.
Son frère Benoit a racheté la ferme familiale. Patrick a démarré une production laitière dans une ferme abandonnée près de celle de ses parents. Le plus jeune, Danny, a acheté une ferme laitière non fonctionnelle, également à Saint-Bruno-de-Guigues. La seule fille de la famille, Édith, a racheté une ferme dans le village d’à côté.
Lors de la dernière décennie, les quatre fermes ont progressé, en érigeant des complexes laitiers neufs, avec robots de traite ou salon de traite. « On s’est développé chacun à notre façon, mais en s’aidant. Et mes parents sont toujours là. Ils nous ont aidés dans nos constructions et encore aujourd’hui, mon père maintenant âgé de 80 ans travaille chaque matin chez Danny et le reste de la journée, il aide l’un ou l’autre de ses enfants. Ça le garde en forme! » énumère Édith.
Contaminés
La passion de l’agriculture se transmet finalement à la prochaine génération des Lafond. Certains de leurs petits-enfants étudient en agriculture ou dans des secteurs connexes afin de reprendre les quatre fermes et les diversifier. Même les nouveaux conjoints et conjointes sont devenus des passionnés du milieu agricole, souligne Édith, qui désigne entre autres sa belle-sœur Sandra Gaudet.
Vaste implication
Le patriarche des Lafond, Damien, a été conseiller municipal et administrateur du syndicat de base de l’Union des producteurs agricoles (UPA) pendant près de 20 ans. Sa conjointe, Diane, a également été conseillère municipale et membre fondatrice des Agricultrices de l’Abitibi-Témiscamingue. Leurs enfants, sans surprise, ont suivi leurs traces. Patrick a été président du syndicat local de l’UPA du Témiscamingue pendant sept ans, Benoit a été président de Holstein Québec pendant trois ans, Luc a été conseiller municipal à Saint-Bruno-de-Guigues et Édith a été vice-présidente de l’Organisme de bassin versant du Témiscamingue de même que mairesse et maire suppléant de Saint-Eugène-de-Guigues pendant huit ans.
Tel un petit club conseil
Avec leurs quatre fermes laitières dans la même famille, les Lafond ne manquent pas d’occasion de parler d’agriculture et, tel un petit club conseil, ils s’échangent des trucs. « Chaque semaine, on s’appelle ou on se texte pour se parler des génétiques de taureaux, de cultivars, de machinerie, de pièces, etc. », explique Édith. L’entraide est courante. « Si je prends mon frère Benoit, il a souvent des réunions dans le sud [du Québec!], quand il est là-bas et que ses robots l’appellent, Benoit m’appelle »peux-tu y aller? ». Alors, je me lève, je vais lui arranger ses robots et je retourne me coucher! », dit Édith, qui renvoie la pareille à ses frères « je ne trouve pas le problème de mon moteur en haut du silo, peux-tu venir voir? » Évidemment, la relation entre frères et sœur implique aussi de se tirer la pipe. Édith avait la plus grosse ferme laitière de la famille « mais Benoit et Patrick m’ont dépassé dernièrement. On s’agace, c’est le fun! », dit-elle.
Fiche technique | |
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Nom de la ferme | Ferme Allfond |
Spécialités | Lait et grandes cultures |
Année de fondation | 1969 |
Nom des propriétaires | Diane Allen et Damien Lafond (1969 à 2002) / Benoit Lafond et Karine Bougie (depuis 2002) |
Nombre de générations | 2 |
Superficie en culture | 283 ha |
Cheptel | 90 vaches |
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