Actualités 29 août 2017

Des sols durables et des plantes en santé, une question d’équilibre

Une bonne partie de notre nourriture provient des sols. Les agriculteurs du Québec considèrent la santé de ces derniers comme une priorité. La fertilisation, qui représente de 20 à 25 % des frais variables dans les cultures de maïs et de pommes de terre, est largement effectuée en fonction de la santé des sols.

Pour optimiser la gestion des intrants agricoles comme les engrais, il importe d’améliorer et de maintenir de façon durable la qualité des sols en s’assurant qu’ils résistent à la dégradation telle que l’érosion et la compaction, qu’ils contribuent à la réduction de la pollution et qu’ils sont en mesure de diminuer l’impact des changements climatiques en séquestrant du carbone. Des analyses pédologiques et agronomiques permettent de vérifier si les sols de la ferme satisfont à ces critères.

Qualité du sol

La qualité du sol se caractérise par ses propriétés chimiques (révélées par une analyse de sol), physiques (selon le mode de gestion et la classe pédologique) et biologiques (soit la matière organique et l’activité biologique).

L’analyse des tissus végétaux est complémentaire à celle du sol. Elle permet d’intégrer l’ensemble des facteurs qui influencent la productivité végétale et de prendre en compte la santé des sols comme milieu nourricier de la plante. Celle-ci est actuellement diagnostiquée à l’aide d’intervalles critiques de concentration ou de ratios optimaux comme N/P, N/K et K/Mg. La précision de ces diagnostics ne dépasse malheureusement pas 70 %.

Méthodes numériques modernes

Des diagnostics de tissus végétaux basés sur des méthodes numériques modernes montrent toutefois une précision supérieure à 80 % dans de nombreuses cultures commerciales.

La fertilisation vise à optimiser un système de balances nutritives dans la plante et dans le sol où les éléments nutritifs interagissent. Un indice de diagnostic global est calculé afin de signaler tout problème de déséquilibre nutritif relié à une carence ou à un excès.

Un diagnostic établi dans 689 champs de maïs du Québec a démontré que 10 % des cultures étaient fertilisées adéquatement, alors que 74 % d’entre elles montraient des signes de déséquilibre nutritif pouvant mener à des pertes de rendement et de qualité. Ces diagnostics permettront de mieux balancer la fertilisation. En parallèle, des modèles de prévision des doses optimales d’engrais sont en développement relativement aux facteurs qui limitent la croissance végétale.

À l’échelle québécoise

Une enquête du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) mentionne que sur 2 136 486 ha de sols agricoles du Québec, plus de 500 000 ha montraient des problèmes de surfertilisation ou d’acidité, plus de 600 000 ha présentaient des problèmes de structure dégradée, de compaction ou d’érosion, et plus de 250 000 ha accusaient des pertes excessives de matière organique.

Léon-Étienne Parent, professeur associé au Département des sols et de génie agroalimentaire