Actualités 4 juin 2018

Impacts positifs du programme de prévention et de contrôle de la paratuberculose

La paratuberculose (PTB) est une maladie contagieuse incurable causée par Mycobacterium avium ssp. paratuberculosis (MAP).

Elle occasionne des pertes économiques importantes pour l’industrie laitière, qui sont notamment liées à une diminution de la production, aux réformes précoces et à une perte de valeur de la carcasse à l’abattage. Par conséquent, les infections par MAP nuisent à la rentabilité des entreprises affectées. De plus, il existe une relation entre MAP et la maladie de Crohn chez l’humain, mais le lien de causalité n’a pas encore été démontré.

Apparition de signes cliniques à cinq ans

Même si les animaux sont infectés au cours des six premiers mois de vie par voie féco-orale principalement, les signes cliniques (diarrhée, amaigrissement et chute de la production laitière) ne sont évidents qu’à l’âge adulte, soit autour de cinq ans.

Entre-temps, les animaux infectés contaminent les autres dès l’âge de deux ans, sans pour autant manifester de signes cliniques. Ces individus, qui sont appelés « animaux subcliniques », posent un grand défi pour le contrôle de la PTB, car ils disséminent la bactérie dans le troupeau de façon silencieuse.

Au Québec, le Programme volontaire québécois de prévention et de contrôle de la paratuberculose (PVQPCP) a été lancé en 2007. Pour mesurer son impact, une étude a été réalisée à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Cette étude visait plus précisément à décrire l’incidence et le risque d’excrétion fécale de MAP chez les vaches nées avant et après l’adhésion de 18 fermes au PVQPCP.

Un risque diminué de moitié

Les chercheurs ont observé un impact positif de l’adhésion des fermes au PVQPCP, lequel s’est reflété dans une réduction d’environ 50 % de l’incidence et du risque d’excrétion fécale de la bactérie chez les vaches nées après l’instauration du programme. Cependant, l’ampleur de cette diminution peut varier selon la prévalence initiale dans le troupeau et les pratiques de régie déjà en place.

De plus, l’équipe a observé que l’hygiène des bêtes en préparation au vêlage et l’exposition des génisses aux vaches adultes ou à leurs fèces avant sevrage étaient significativement associées à l’excrétion fécale de MAP.

Conclusions de l’étude

Le programme de contrôle de la PTB est un bon exemple qui démontre que les mesures de biosécurité ciblées et adaptées à une exploitation ont des retombées positives. De plus, ce programme est probablement efficace pour le contrôle d’autres maladies entériques contagieuses à transmission féco-orale, comme Salmonella spp. et Cryptosporidium spp. 

De ce fait, améliorer l’hygiène des bêtes en préparation au vêlage et éviter le contact des veaux avec les vaches adultes ou leurs fèces sont des pratiques qui devraient être privilégiées pour éviter la transmission de MAP au sein des troupeaux au Québec. Par ailleurs, il est important de garder en tête que l’achat d’animaux représente le risque premier d’introduction de MAP dans les troupeaux. Ces éléments sont cruciaux pour le contrôle de la PTB.  

Deux points critiques à surveiller

Le contact direct et indirect des veaux avec des animaux adultes et leurs fèces; 

L’introduction d’animaux dans le troupeau. Gare aux sujets subcliniques qui sont contagieux!

Juan Carlos Arango-Sabogal, D.M.V., Ph. D., stagiaire postdoctoral à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal
Dr Gilles Fecteau, m.v., DACVIM, professeur titulaire à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal
Hélène Poirier, agr., agente de transfert au Regroupement Op+lait