Actualités 1 octobre 2019

Gare à la transmission de maladies par l’eau

Lorsqu’une contamination bactérienne se déclare à proximité d’une ferme, il faut cibler le plus rapidement possible les élevages problématiques puisque certaines souches peuvent parfois infecter l’homme. L’objectif est de mettre en place des barrières naturelles qui empêcheront les ruissellements provenant de ces fermes de se retrouver dans l’eau potable environnante.

Dans le vaste monde des bactéries, Campylobacter jejuni est la principale responsable des zoonoses, ces maladies qui se transmettent de l’animal à l’humain. Sébastien Faucher, chercheur à l’Université McGill, étudie ce microbe pour mieux comprendre comment il se propage par l’eau.

Le laboratoire de Sébastien Faucher étudie la transmission des bactéries par l’eau.
Le laboratoire de Sébastien Faucher étudie la transmission des bactéries par l’eau.

« Cette bactérie est surtout un problème pour les producteurs de poulets, explique le scientifique. Quand l’animal est abattu puis éviscéré, la viande peut entrer en contact avec les matières fécales. Campylobacter jejuni, qui vit dans les intestins de la volaille, peut donc se transmettre à l’homme lorsqu’il consomme cette viande mal cuite. »

Cependant, elle se propage aussi par l’eau. « La bactérie se retrouve dans le fumier de poulet et se disperse ensuite dans l’environnement en utilisant l’eau comme moyen de transport, souligne M. Faucher. Les puits artésiens et les cours d’eau avoisinants peuvent alors être contaminés. » Selon une étude réalisée en Estrie, le risque d’infection par Campylobacter est d’ailleurs plus important en milieu rural et à proximité des fermes.

Mieux comprendre la transmission

C’est à ce mode de transmission que s’intéressent Sébastien Faucher et son étudiante Hana Trigui ainsi que leurs collaborateurs de l’Université Laval, Steve Charrette et Valérie Paquet. « Nous voulons comprendre comment elle survit dans l’environnement », confirme M. Faucher, puisque l’eau est un milieu hostile pour la bactérie Campylobacter qui tolère mal, entre autres, la quantité d’oxygène qui s’y trouve.

« Nous avons découvert qu’elle interagit avec d’autres microbes dans l’eau : les ciliés et les amibes, explique-t-il. Ces organismes ressemblent à des aspirateurs qui se nourrissent de bactéries. » Lorsqu’un cilié ingurgite beaucoup de Campylobacter, il les recrache ensuite sous la forme de boule recouverte d’une couche protectrice. Selon le chercheur, cela permettrait à la bactérie de survivre dans l’eau.

Limiter la contamination de l’eau

L’équipe de Sébastien Faucher a également constaté que ce ne sont pas toutes les souches de Campylobacter qui interagissent avec les ciliés. Cette découverte pourrait être utile pour cibler plus facilement la source de certaines contaminations dans l’environnement. « Par exemple, si les poulets d’une ferme sont porteurs d’une souche capable d’interagir avec les ciliés, cela signifie que le risque de transmettre la bactérie dans l’environnement est plus important », souligne-t-il.

« En comprenant mieux le phénomène, on peut trouver des méthodes pour diminuer la contamination sans l’utilisation d’antibiotiques et ainsi prévenir les éclosions », conclut le chercheur. 

Gastro chez l’humain

Alors que les poules ne développent pas de symptômes en présence de Campylobacter jejuni, les humains qui sont infectés souffriront de gastro-entérite. Les infections sont d’ailleurs une cause majeure de diarrhée d’origine bactérienne. Si la volaille est le principal réservoir pour la bactérie, le bœuf et le veau peuvent également être contaminés.

Kathleen Couillard, Agence Science-Presse