Actualités 4 octobre 2021

Des conseils pour mieux investir

Aujourd’hui, les entreprises agricoles évoluent dans un contexte de pandémie, d’autosuffisance alimentaire, de changements climatiques et d’exigences environnementales. Elles ont aussi accès à des techniques de production diversifiées, ce qui accroît leur besoin d’investir.

Pour toute entreprise, c’est la rentabilité qui prime. Certains entrepreneurs saisissent toutes les opportunités qui se présentent en voulant absolument réaliser leurs rêves. Ils ont souvent le mauvais réflexe d’emprunter sans regarder leur situation financière. C’est facile, car les taux d’intérêt sont très bas et il est possible de reporter le paiement du capital en ne payant que les intérêts. De plus, tous les prêteurs invitent à investir, à grand coup de promotions ou de nouveaux programmes de prêts.

On remarque cependant une détresse psychologique importante associée à ces défis de production, de performance et de rentabilité. Malheureusement, l’agriculture est et restera toujours un domaine exigeant en termes d’investissements en temps et en argent, qui ­procure des marges toujours plus minces et génère toujours plus de stress à la ­personne qui gère.

Avant de vous lancer, utilisez de bons vieux outils de gestion. Réalisez un budget partiel ou un budget prévisionnel triennal. Encore mal connus parmi certaines entreprises agricoles, ces outils sont importants pour rester en affaires.

Apprivoiser la gestion des chiffres

La production, la commercialisation et la gestion doivent aller main dans la main. Avant de maudire la gestion des chiffres, prenez le temps de les apprivoiser en vous faisant épauler. Les conseillers du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), du réseau Agriconseils ou votre comptable peuvent être de précieuses ressources afin de vous aider à les comprendre. Il est aussi possible de suivre une formation continue dans différents collèges impliqués en agriculture. Comprendre vos états financiers et interpréter l’état de vos revenus (par secteur d’activité, par culture), votre solde résiduel, votre bilan et votre capacité de remboursement maximum vous permettra de prendre des décisions éclairées et assumées.

Si l’envie d’acquérir de l’équipement coûteux vous prend, posez-vous la question suivante : est-ce du capital productif ou improductif? Et surtout, faites un budget partiel. Ne brûlez pas les étapes! Évaluez le temps requis pour rembourser votre investissement. Calculer les coûts de production permet aussi d’intervenir pour augmenter le solde résiduel, ce qui est vraiment gratifiant.

Actuellement, les taux d’intérêt sont à leur plus bas, mais on prévoit qu’ils remonteront d’ici quelques années. Soyez visionnaire et évaluez le risque de vos emprunts sur plusieurs années. Si votre capacité de remboursement est déjà limitée, comment sera-t-elle quand les taux d’intérêt grimperont?

Nous avons tous la capacité d’apprivoiser les chiffres de la gestion de notre quotidien, comme simple citoyen ou comme chef d’entreprise. Cela permet d’éliminer les vertiges quand vient le temps de payer les comptes ou de confirmer que les paiements sont trop élevés pour les rentrées d’argent. En assurant la pérennité des entreprises agricoles québécoises, nous pourrons à la fois répondre à l’appel des Québécois quant à l’autosuffisance alimentaire et être en mesure de surmonter tous les défis ­agricoles à venir. 

Marie Surprenant
Anick Lepage
Agronomes et enseignantes au département de Gestion et technologies d’entreprise agricole du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu