On a eu un printemps assez spécial. Hâtif, avec peu de neige au sol. Puis une période de quatre jours de gel (en zone 3) que je n’avais jamais vue. On a beau dire qu’il faut craindre la pleine lune de mai, là, c’était du vrai délire. Même les feuilles de ma vigne vierge avaient gelé.

Après cet épisode, je pensais que le pire était passé. Mais non, voilà la venue des vers gris. Vous savez, ces vers qui coupent au niveau du sol les jeunes plants de fèves, de concombres ou de carottes? Pour les vaincre, à mon avis, il faut bien les connaître. Alors voilà ce qu’il faut savoir sur les vers gris.

Ce sont les larves des noctuelles, des petits papillons bruns bien communs. À ce stade de leur développement, ceux-ci ne causent aucun dégât à vos cultures. Le problème arrive quand ils viennent pondre leurs œufs sur la terre ou les feuilles de votre jardin. Doucement, ces œufs se développent et deviennent des larves ou des chenilles à l’appétit féroce. 

Vous me direz : « Je ne vois pas de chenille dans mon jardin! » Vous avez raison : le jour, on ne voit rien. Pour survivre aux prédateurs, ces chenilles ont choisi de se cacher dans la terre le jour. Elles ne sortent que la nuit venue. De couleur brune, elles se confondent avec la teinte de la terre.  

Elles ont un appétit féroce pour les jeunes plants, qu’elles attaquent sans ménagement. Ensuite, la larve passe au stade de chrysalide (petit cocon brun que l’on voit dans la terre) et de là devient un papillon qui ira à son tour pondre, et le cycle recommence.

Certaines larves de noctuelles s’attaquent aux feuilles et d’autres, comme celles qui nous occupent aujourd’hui, aux racines et au collet de nos plantes.

Votre premier allié en lutte biologique est l’oiseau insectivore. L’étourneau, l’hirondelle, le moineau et la mésange peuvent éliminer beaucoup de papillons de noctuelles. Il faut donc favoriser la présence de cabanes à oiseaux près du jardin, pour inciter ces alliés à faire leur nid tout près.

Vient ensuite l’arrosage sur le sol avec une décoction de feuilles de rhubarbe ou d’absinthe. Vous faites bouillir des feuilles de ces plantes dans un chaudron avec de l’eau, un peu comme on ferait une tisane. Puis vous laissez refroidir et vous diluez ce mélange dans une proportion de 20 % de cette décoction pour 80 % d’eau. Arrosez avec un arrosoir à jet douche. Ne plissez pas du nez. L’odeur qui s’en dégage fait fuir la noctuelle.

Vous pouvez aussi planter vos fèves dans un rouleau de papier de toilette enfoncé dans le sol. Vous laissez dépasser environ 3 cm de votre rouleau. Quand la larve arrive près de celui-ci, elle ne peut pas passer au travers et le plant est protégé. Le carton se décompose lentement dans le sol et quand il ne fait plus barrière, votre plant est assez gros et n’intéresse plus les larves. 

Avec ces trucs de grand-mère, vous lutterez efficacement contre la noctuelle sans pour autant nuire à l’environnement.