Chronique CQPF 5 septembre 2023

Réduction du travail du sol et plantes fourragères

Dans les régions périphériques du Québec, les cultures annuelles principalement rencontrées sont les céréales à paille, en raison de la saison de croissance plus courte et du climat frais. L’introduction dans la rotation de cultures de couverture et/ou de plantes fourragères, combinée à la diminution du travail du sol à long terme, est une stratégie potentiellement favorable à l’amélioration de la santé des sols. Afin de vérifier cette hypothèse, une étude a été réalisée à La Pocatière, au Bas-Saint-Laurent, sur un sol argileux de la série Kamouraska, où différentes intensités de travail de sol (labour, travail réduit avec chisel et semis direct) étaient réalisées depuis plus de 30 ans. De 2020 à 2022, une rotation avec des cultures de couverture a été comparée à une rotation avec des plantes fourragères, de même qu’à une rotation témoin.

Les résultats ont démontré que le semis direct et, dans une moindre mesure, le travail réduit avec chisel ont amélioré la santé du sol dans l’horizon de surface par rapport au labour. De même, l’intégration de plantes fourragères et de cultures de couverture dans les rotations a rapidement amélioré la santé du sol indépendamment de l’intensité de travail du sol. Elles ont entre autres remédié à la détérioration de la structure du sol en comparaison avec un travail de sol plus intensif, avec des effets bénéfiques sur la stabilité structurale du sol comparables à ceux du semis direct pratiqué depuis plus de 30 ans. Toutefois, la structure du sol sous semis direct n’a pas bénéficié de la présence des cultures de couverture ou des plantes fourragères, car elle était déjà optimale. La combinaison du semis direct et des plantes fourragères a eu un effet synergique sur la réserve en eau utile du sol, ce qui pourrait augmenter la résilience des cultures à la sécheresse. Par ailleurs, seule cette combinaison a augmenté significativement la teneur en azote labile du sol. En 2021, aucun effet significatif sur la santé du sol n’a été observé dans la rotation avec cultures de couverture. Lors de cette année, l’absence du trèfle rouge suggère qu’une destruction hâtive des plantes fourragères réduit leurs effets bénéfiques. 

Dans le cadre de cette étude, l’adoption du semis direct ou du travail réduit avec chisel, combinée à l’intégration des plantes fourragères et des cultures de couverture, était une stratégie efficace pour améliorer la santé du sol et la résilience des systèmes de productions céréalières en région périphérique. Dans le futur, il serait pertinent de vérifier l’effet des plantes fourragères sur une plus longue durée.


Ce projet a été réalisé dans le cadre du sous-volet 3.1 du programme Prime-Vert – Appui au développement expérimental, à l’adaptation technologique et au transfert technologique des connaissances en agroenvironnement avec une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.