Chronique CQPF 3 mai 2023

Maximiser l’efficacité de l’utilisation de l’azote par les microbes du rumen

Les fourrages de luzerne servis aux ruminants contiennent beaucoup de protéines brutes (PB) sous forme très dégradable dans le rumen. Pour utiliser cet azote, les microbes du rumen doivent disposer d’une source d’énergie rapidement fermentescible, soit les glucides non fibreux (GNF). Lors d’un déséquilibre entre la disponibilité de l’énergie et celle de la protéine, une proportion importante d’azote se retrouve sous forme d’ammoniac (NH3) dans le rumen, qui risque d’être inutilisé puis perdu dans l’environnement. On peut quantifier l’équilibre entre l’énergie et la protéine grâce au calcul de ratios tels que le ratio GNF/PB. 

Dans notre étude, des fourrages de luzerne à ratio élevé et faible ont été incubés in vitro. Cette méthode consiste à reproduire au mieux l’environnement du rumen afin de mimer la fermentation et la dégradation des nutriments qui s’y produisent. Après 24 heures d’incubation, différentes mesures ont été prises afin de comparer deux types de ratios (faible et élevé).

Nos résultats démontrent que l’incubation des fourrages de luzerne à ratio GNF/PB élevé a augmenté la dégradabilité des nutriments dans le rumen, comparé aux fourrages à ratio GNF/PB faible. Ainsi, la production totale de gaz a été augmentée et la production de méthane a été diminuée avec les fourrages à ratio GNF/PB élevé. Les résultats de l’étude montrent aussi que la luzerne à ratio GNF/PB élevé favorise une meilleure utilisation de l’azote par les microorganismes du rumen. Cela a permis de diminuer la quantité d’ammoniac produite, d’augmenter la synthèse d’azote microbien et d’accroître l’afflux de protéines microbiennes disponibles dans l’intestin. 

Notre expérience in vitro confirme qu’une amélioration du ratio entre l’énergie rapidement fermentescible et la protéine de la luzerne, obtenue par une augmentation des GNF et par une diminution concomitante de la teneur en protéine, accroît l’efficacité d’utilisation de l’azote par les microbes du rumen et pourrait potentiellement réduire les rejets d’azote dans l’environnement.


Cette recherche est financée par une contribution de la Grappe de recherche laitière 3 (Les Producteurs laitiers du Canada et Agriculture et agroalimentaire Canada) dans le cadre du programme Agri-science du Partenariat canadien pour l’agriculture.