Chronique CQPF 22 juin 2023

L’importance des plantes fourragères dans nos agroécosystèmes

Saviez-vous qu’au Québec, depuis 2006, nous avons perdu près de 39 % de nos superficies en prairies et en pâturages, principalement au profit des grandes cultures annuelles telles que le maïs et le soya? Bien que les raisons qui justifient ce changement radical dans le paysage agricole québécois soient justifiables, il n’en demeure pas moins que cette tendance risque d’engendrer des conséquences importantes pour la pérennité et la résilience de nos agroécosystèmes. 

En effet, les cultures pérennes jouent un rôle majeur dans le maintien de la santé de nos sols agricoles. C’est en partie parce que les cultures pérennes couvrent le sol dans le temps et dans l’espace, ce qui permet de maximiser la quantité de plantes (et de photosynthèse) par unité de surface. Grâce à leurs systèmes racinaires abondants et diversifiés, ces plantes retournent chaque année des quantités appréciables de matière organique vers le sol. Cela contribue notamment à la séquestration de carbone dans le sol, mais aussi à l’abondance et à la diversité des organismes du sol, lesquels contribuent au maintien de la fertilité et de la santé chimique, physique et biologique des sols. 

Sous nos conditions, les sols des cultures pérennes contiendraient en moyenne de 15 à 30 % plus de carbone (et donc, de matière organique) que les sols des cultures annuelles. Les cultures pérennes permettent aussi d’optimiser l’utilisation de nos fumiers, en plus d’avoir un effet positif indéniable sur le rendement des cultures subséquentes, notamment puisque les sols riches en matière organique ont généralement une plus grande capacité à répondre aux besoins en azote des plantes. Considérant que les cultures, même lorsqu’elles sont fertilisées, puisent en général plus de 60 % de leur azote directement dans le sol, une petite augmentation du contenu en matière organique du sol peut faire une grande différence sur la croissance de la plante et sur le rendement. Certains chercheurs ont même noté qu’un sol sous prairies fertilisé avec du fumier pouvait avoir une capacité à fournir de l’azote jusqu’à quatre fois plus élevée qu’un sol sous cultures annuelles fertilisé avec de l’engrais minéral!

Les cultures fourragères représentent donc une occasion importante de diminuer l’incidence de l’agriculture sur l’environnement et de contribuer au maintien ou à l’amélioration de la santé et de la résilience de nos sols. Même s’il peut être tentant de se tourner vers les cultures annuelles pour différentes raisons, il ne faut pas oublier de prendre en compte tous les avantages agronomiques, environnementaux, sociaux et financiers que nous offrent les cultures pérennes. Pensez-y bien avant de labourer votre prairie pour de bon!


Cette chronique est une présentation du