Chronique CQPF 10 octobre 2023

Le pâturage extensif ou permanent, le plus facile à gérer

Il existe plusieurs types de pâturage au Québec. Le pâturage extensif, où une grande parcelle est broutée toute la saison, est bien plus utilisé qu’on puisse l’imaginer. De grands troupeaux occupent un territoire où aucune autre culture n’est possible, favorisant la présence agricole dans des conditions bien particulières.

Les multiples avantages

Le pâturage extensif est le pâturage qui nécessite le moins de gestion. Comme les producteurs manquent souvent de main-d’œuvre, le pâturage extensif permet de se concentrer sur les travaux aux champs sans avoir à déplacer le troupeau. Ce sont les vaches qui s’organisent, et les plantes s’adaptent, ce sont les plus résistantes qui passent au travers.

Ce type de pâturage demande moins de clôtures et donc moins d’entretien pour les conserver en état. Il ne faut qu’une seule clôture de périmètre. II est possible de louer une grande parcelle éloignée, car le troupeau ne sera pas déplacé pendant la saison. Pour l’abreuvement, les producteurs peuvent installer un seul réservoir d’eau avec batterie et panneaux solaires pour pomper l’eau d’un cours d’eau avoisinant. Idéalement, l’abreuvoir sera situé au centre de la parcelle, là où les vaches peuvent voir tout prédateur et là où il y a de l’ombre.

Diverses plantes poussent dans les pâturages permanents. On y retrouve une belle biodiversité pour les oiseaux et les pollinisateurs. Toutefois, comme il y a absence de fauche, des plantes indésirables comme du chardon peuvent y croître.

Souvent, dans ce type de pâturage, il y a des îlots boisés et des zones plus humides qui permettent au troupeau de trouver de l’ombre et de la fraîcheur quand il y a canicule. Le taureau peut trouver du foin fibreux plus adapté à ses besoins.

Les principaux défis

Avec ce type de pâturage et la surpaissance qu’on peut y retrouver, certaines plantes appétentes, comme la fléole des prés, disparaissent en cours de saison, trop fragiles pour se faire brouter intensivement. Ce sont les plantes indigènes qui prennent la place comme la fétuque rouge et le pâturin des prés. Ce sont des plantes de faible rendement, même si elles sont fertilisées. Par comparaison, il faut jusqu’à cinq fois la superficie d’un pâturage très intensif pour assurer suffisamment de nourriture pour le troupeau. Il est souvent impossible de travailler le sol pour réensemencer ces pâturages naturels.

En temps de canicule, il faut apporter plus de balles rondes pour alimenter le troupeau avec la technique Bale grazing (pâturage de balles rondes). Certains producteurs prévoyants ont des superficies de champs abandonnés en location, qu’ils peuvent utiliser pour dépanner.

Bien oui, la paissance extensive affecte les performances vaches-veaux comparativement à une paissance intensive. Leur gain moyen quotidien est plus faible, il faut donc calculer tous les coûts : économie de clôtures, faible prix de location de champs qui seraient abandonnés, moins de main-d’œuvre, moins de coûts de transport pour connaître si ce mode de gestion s’applique à la ferme. 

En conclusion, on me dit qu’avec une paissance extensive, les troupeaux sont en meilleure santé et que le taureau est bien plus en forme, car la marche et le foin plus fibreux par endroit favorisent de bons pieds et membres, et moins de problèmes de saillies.