À coeur ouvert 21 février 2018

Le temps des sucres frappe à nos portes

Le temps des sucres approche… Son arrivée éveille de beaux souvenirs dans la tête de bien des gens. Autrefois, cette période de l’année était un moment privilégié où les familles et les voisins prenaient le temps de se rencontrer après un hiver rigoureux. Ça signifiait la fin d’un long hiver.

Plusieurs agriculteurs avaient leur érablière. On attelait le cheval Oscar et c’était parti pour une autre saison. Le père courait les érables avec les enfants et le grand-père était chargé de faire bouillir l’eau. Les femmes fabriquaient les pains de sucre et mettaient le sirop en conserve tout en préparant la nourriture pour la famille et les invités.

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L’eau d’érable n’était pas « séparée » comme elle l’est aujourd’hui, alors il n’était pas rare, quand on avait 1 500 entailles, de la faire bouillir jusqu’à 2 h du matin. On pouvait se réunir autour de l’évaporateur pour contempler l’eau qui bouillait.

Parfois, on se perdait dans les vapeurs collantes d’érable. Les plus vieux pouvaient aussi se perdre à l’occasion dans les vapeurs des fameuses ponces de gin auxquelles on avait ajouté un réduit d’érable…

Sève émoustillante

La sève ne montait pas que dans les érables. Les agriculteurs étaient revigorés par une bonne dose de sucre et émoustillés par le début du printemps annonciateur des futurs travaux aux champs.

Avec l’augmentation du nombre d’entailles et la modernisation des installations, on ne court plus les érables, sauf dans les exploitations familiales traditionnelles. Néanmoins, les repas à la cabane à sucre restent une tradition rassembleuse, un moment de rencontre avec la famille et les amis.

Les premières coulées d’eau d’érable sont encore le signe qu’un nouveau cycle de la nature s’amorce. Pour certains, qui sont pressés de s’activer davantage, elles annoncent la préparation des travaux extérieurs. D’autres ont juste hâte de mettre derrière eux un hiver plus rigoureux qu’à l’habitude.

Entre sourires et stress

Derrière les produits de l’érable et les cabanes à sucre, il y a maintenant des acériculteurs et acéricultrices dont c’est la production principale. Lorsque les conditions météorologiques sont favorables et que l’eau coule à flots pendant plusieurs jours, les rendements, les revenus… et les sourires sont au rendez-vous.

Toutefois, les acériculteurs ont beau être munis du meilleur équipement pour récolter l’eau d’érable et la transformer, ils sont soumis aux mêmes aléas que tous les autres producteurs et productrices agricoles qui travaillent à ciel ouvert : caprices de la météo, maladies, insectes, écureuils… Tous ces éléments indésirables peuvent certes provoquer des montées occasionnelles de stress chez les acériculteurs et acéricultrices.

La production acéricole constitue également une source de revenus supplémentaire pour plusieurs entreprises agricoles. Il peut tout de même arriver qu’elle entraîne des pertes dans une autre production, comme nous l’a raconté un producteur : « Dans l’après-midi, alors que nous étions à la cabane, personne n’était dans l’étable et nous avons perdu l’une de nos meilleures vaches. Nous venions de manger les sucres. »

Sans oublier tous les petits producteurs acéricoles qui -pratiquent un autre métier que l’agriculture. Pour ceux-là, hormis les caprices de dame Nature, le temps passé à l’érablière et à la cabane est synonyme d’équilibre de vie et de bien-être.

Ce maintien d’un lien avec la nature leur permet de décompresser et de s’évader quand ils ont des soucis. Pour eux, comme pour bien d’autres qui se régalent de ses produits, l’érable, c’est bon pour le moral.