À coeur ouvert 28 mars 2018

Rendre visible le travail « invisible »

Depuis 2001, à l’initiative de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS), le 1er mardi du mois d’avril est la Journée du travail invisible. Mais c’est quoi, au juste, ce travail « invisible »?

C’est tout le travail non rémunéré réalisé dans la société, par exemple par les parents dans les soins aux enfants, par les bénévoles de diverses organisations ou par les aidantes ou aidants naturels. Même si ce travail invisible n’est pas reconnu à sa juste valeur, il n’en est pas moins bénéfique et essentiel au bon fonctionnement de nombreuses familles, communautés ou organisations.

coeur_ouvertLa majeure partie du travail invisible est assumée par des femmes. D’ailleurs, une des batailles de l’AFEAS a été de faire reconnaître l’apport des femmes collaboratrices dans l’entreprise de leur mari. Ces dernières ont maintenant la possibilité d’obtenir un salaire et des avantages sociaux comme tous les autres employés. Malgré ces gains, une grande quantité de travail invisible est encore accomplie par les femmes dans les entreprises agricoles.

En effet, plusieurs conjointes d’agriculteurs effectuent différentes tâches dans l’entreprise familiale (soins aux animaux, traite, vente des produits, travail administratif, etc.) sans être rémunérées. Selon les résultats d’une vaste consultation tenue par la Fédération des agricultrices du Québec (FAQ) en 2015, il est considéré comme normal qu’elles donnent un coup de main dans l’entreprise familiale sans recevoir de compensation financière. On estime que 33 % des femmes qui travaillent dans l’entreprise de leur conjoint, à temps plein ou partiel, le font sans aucune rémunération, ni en salaire ni en parts. La FAQ évalue à plus de 108 M$ par année le travail bénévole qu’elles réalisent dans les entreprises agricoles. Bien qu’il ne soit pas rémunéré ni comptabilisé, ce travail est nécessaire au bon roulement des entreprises.

La non-rémunération et la non-reconnaissance du travail vont souvent de pair. Comme nous l’avons déjà écrit, vouloir que son travail soit reconnu n’est pas un caprice. Les études en psychologie du travail démontrent que la reconnaissance du travail contribue à une bonne santé mentale. D’ailleurs, ce manque de reconnaissance n’est pas déploré uniquement par les productrices agricoles, collaboratrices ou conjointes d’agriculteurs. Nous recevons de nombreux témoignages de producteurs agricoles qui soulignent que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur sociale et financière.

Travail des enfants et des parents

En outre, il n’y a pas que des conjointes qui font du travail invisible à la ferme. Les enfants et les parents qui aident au bon fonctionnement de l’entreprise le font eux aussi souvent sans être rémunérés. Un producteur nous a écrit à ce sujet : « Je m’en sors financièrement grâce à mon père qui travaille beaucoup et que je ne paie pas! » Il reconnaît donc toute l’importance que ce travail invisible pour sa ferme.

On peut redonner de la visibilité aux travailleuses et travailleurs invisibles en prenant conscience de leur contribution. On peut prendre le temps de les remercier. Un merci, une tape sur l’épaule, ça ne coûte rien et ça fait du bien!

Connaissez-vous des gens qui font du travail invisible? Et vous, faites-vous partie de ceux-ci? On pourrait s’amuser à reconnaître le travail invisible autour de soi, en soulignant le travail fait par un de nos proches tout en indiquant le nôtre, toujours avec une touche d’humour…