Fausse viande, steak végétal, fauxmage, faux lait, miel végétal, « imitation de », « à saveur de », bœufs nourris aux grains végétaux, œufs de poules sans poules, nourriture synthétique, « faite en laboratoire », « sans cruauté animale », etc. Si vous êtes le moindrement observateur, vous avez constaté que depuis quelques années, le marketing ne recule devant rien pour propulser les produits végétariens ou végétaliens. Le but de cette chronique n’est ni de juger les choix alimentaires de chacun ni de faire culpabiliser qui que ce soit. Seulement, nous nous questionnons sur ces stratégies publicitaires qui ont pour effet de confondre le citoyen déjà déconnecté de ce qu’il consomme. 

Qu’on se le tienne pour dit, le fond du problème n’est clairement pas que ces produits existent, mais réside plutôt dans la façon dont ils sont vendus. Ça frôle toujours la ligne éthique puisqu’on exagère ou déforme certains faits ou bien qu’on insiste sur d’autres pour mettre un produit en avantage. Par exemple, on vend une boisson végétale en soutenant qu’elle est produite sans exploitation animale. Les arguments utilisés par certaines compagnies teintent l’imaginaire collectif et contribuent à la désinformation. En effet, cela incite aux conclusions hâtives ainsi qu’à la généralisation à outrance, en plus de contribuer au développement et au maintien de pensées peu nuancées et inflexibles. 

En somme, plus un discours est rigide, plus il polarise, et cela se fait au détriment des producteurs et productrices d’ici. L’image qu’on projette de ceux-ci dans les médias est souvent peu reluisante, de façon à atteindre directement leur réputation. Cela contribue à augmenter la pression sociale avec laquelle ils doivent composer au quotidien. Pour certains, c’est une composante de leur métier qui génère beaucoup de stress, voire de la souffrance émotionnelle.

On s’entend sur le fait que ce n’est agréable pour personne d’entendre des gens dépeindre sur la place publique un portrait faussé et péjoratif d’une réalité que nous vivons et qui nous est chère.

Le marketing alimentaire peut parfois s’apparenter à un débat politique où les joueurs critiquent ce que font leurs adversaires au lieu de se concentrer sur ce qu’ils ont eux-mêmes à proposer et les raisons pour lesquelles les gens devraient voter pour eux. Résultat : confusion auprès d’une population qui assiste, impuissante, à une joute d’ego.

N’empêche, il faut redonner à César sa salade, le marketing fonctionne. En effet, cela rend certains produits attractifs et à la mode. Un producteur laitier racontait récemment que dans un souper de famille, il s’était fait offrir une boisson d’amande et que son interlocuteur lui disait que c’était « cool » d’en avoir dans son frigo. Mais avec tout ça, que reste-t-il du vrai? Tu sais, cette nourriture de grande qualité produite par des hommes et des femmes d’ici qui sont fiers et fières de le faire. On a beau laisser entendre que l’agriculture a des effets néfastes sur l’environnement et que les conditions de vie des animaux d’élevage ne sont pas optimales, il n’en demeure pas moins que le métier d’agriculteur en est un d’innovation. Les productrices et producteurs québécois ont leur métier tatoué sur le cœur et mettent beaucoup d’efforts dans l’amélioration de leurs pratiques et dans la recherche constante de la qualité de leurs produits. Alors, comment fait-on, individuellement et collectivement, pour contrer les effets des stratégies publicitaires qui donnent la vie dure à l’agriculture? On s’informe, on valide, on nuance. On encourage nos producteurs locaux en consommant, autant que possible, des produits frais de la région. On fait preuve de courtoisie sur la route quand on croise un tracteur et, soyons fous, en guise de reconnaissance, on envoie la main au producteur qui travaille dans son champ au bout du rang. Ce simple geste fera peut-être sa journée.   


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