À coeur ouvert 8 janvier 2024

La famille, là où votre histoire commence

Vos interactions avec le monde extérieur (école, voisins, amis, etc.) contribuent à construire votre personnalité, vos valeurs, vos aspirations, vos croyances. Toutefois, celles à l’intérieur de la famille, particulièrement dans le monde agricole, jouent un rôle très important tout au long de votre vie. 

En effet, plus que tout, l’héritage de vos parents est déterminant dans la construction de votre identité. Avez-vous grandi dans une famille où la communication, les valeurs de respect, d’écoute, d’entraide et d’ouverture étaient valorisées ou dans une famille marquée par la compétition, la domination, le jugement et la violence? Votre famille a-t-elle renforcé votre résilience ou, au contraire, vous a-t-elle fragilisé?

Les familles issues du milieu agricole sont, elles aussi, influencées par l’un ou l’autre de ces modèles. Cependant, elles en ressentent davantage les effets parce que leur travail implique davantage de proximité. Effectivement, les dissensions entre un frère ou une sœur n’auront pas la même incidence dans leur vie s’ils habitent à 200 mètres ou à 200 kilomètres l’un de l’autre. L’histoire des frères Marc et Steve, issus d’une fratrie de trois enfants, illustre le modèle familial davantage axé sur la violence. Leur vécu ressemble à tant d’autres drames invisibles. Ils sont propriétaires, avec leur père, d’une ferme laitière. Ils sont la 3e génération. Le paternel est actionnaire majoritaire. Steve, 22 ans, se situe dans le milieu de la fratrie. Marc, son aîné, a une forte personnalité, contrairement à son jeune frère, qui est davantage introverti. 

Steve et Marc éprouvent de la difficulté à s’entendre. Marc a tendance à distribuer des ordres et à blâmer Steve pour tout incident ou bris d’équipement à la ferme. Steve ravale, rumine et, périodiquement, il explose de colère. Ça peut même se rendre aux coups de poing de part et d’autre. Lors d’une de ces disputes, Steve a lancé à son frère : « Un jour, m’a te tuer, mon tab*… » Témoin de la scène, la mère s’est mise à pleurer et à crier : « Arrêtez, j’en peux pus ». Steve est sorti amoché de cette empoignade. Son nez saignait abondamment, probablement le résultat d’une fracture. Il a quitté l’étable en se jurant de ne jamais y remettre les pieds tant que son frère y sera. Assurément, une blessure invisible, encore plus grave, laissera des séquelles sur son estime personnelle pour de nombreuses années.

Comment une telle violence familiale peut-elle se produire?

Les enfants sont des éponges. Ils fonctionnent par mimétisme en reproduisant le comportement du parent. La littérature scientifique parle d’héritage transgénérationnel.

Le père a un tempérament colérique. Il est de nature directive, voire autoritaire. Il a éduqué ses enfants « à la dure ». Lorsqu’ils n’obéissaient pas à ses ordres, ils recevaient des coups et des insultes, tels « mon p’tit tab*…, m’a te dompter! »

Pourtant, le parent peut être un modèle positif pour ses enfants. Bien sûr, le père de Steve et Marc a bien réussi en leur inculquant la passion de l’agriculture, tout comme les valeurs du travail et de l’entrepreneuriat. En revanche, il ne leur a légué que la violence et les poings comme mode de communication. En aidant son enfant à développer ses habiletés relationnelles et ses compétences émotionnelles, le parent lui transmet des outils pour gérer ses conflits et réguler ses émotions. L’utilisation du « je » pour exprimer un besoin est un moyen tout simple pour ouvrir le dialogue avec l’autre. De plus, acquérir des outils pour se calmer et diminuer l’intensité de ses émotions favorise des relations plus harmonieuses et diminue les coûts sur le plan humain. 

Au Québec, trop de familles se déchirent parce que les frères, les sœurs et les parents ont de la difficulté sur le plan de la communication. Trop de processus de transfert ou d’association déraillent parce qu’on n’arrive pas à se parler. Les travailleuses de rang d’Au cœur des familles agricoles possèdent les compétences pour bonifier votre coffre à outils.  


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Si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

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